Le long de son corps, les cicatrices d’Alex Anna prennent vie pour écrire son histoire. Prise de vue réelle et animation s‘entremêlent dans ce documentaire intime et universel, poétique et engagé, doux et violent.
Le réalisateur a 12 ans quand son père lui confie un étrange secret : il se sent doué de pouvoirs occultes, qui fait de lui un médium entre le ciel et la terre. Il affirme ainsi pouvoir guérir les malades du cancer, communiquer avec les extraterrestres et entrer en contact avec les morts. Fasciné par l'univers paternel, Einari devient son disciple. Mais, avec le temps, il cesse peu à peu de croire aux phénomènes surnaturels.
Pierre Dubois est un célèbre auteur de littérature fantastique qui vit à Cartignies, un petit village du Nord de la France, en compagnie de sa femme Aline. Pendant quelques jours, le couple de septuagénaires ouvre sa porte, son intimité et laisse le merveilleux s'immiscer au sein de leur histoire. Au fil de leurs récits, ils évoquent comment la force de l’écriture, le pouvoir de l’imagination et un sentiment profond d’osmose avec la vie leur ont permis d’accepter le suicide de leur fille, Mélanie, disparue il y a plus de vingt ans après un chagrin d’amour adolescent.
Un jour, Julie a entendu des voix qui la menaçaient. Des médecins lui ont fait des électrochocs, des marabouts ont tenté de l’exorciser, elle a avalé plein de médicaments, bu tout un tas de potions, passé des jours à l’hôpital et de longues heures enfermée chez elle à tenter d’oublier le passé et d’imaginer l’avenir. Administrativement parlant, elle est depuis sa première hospitalisation une handicapée mentale à 80%. À mes yeux, elle est une amie précieuse, une âme sensible, une résistante qui a décidé qu’elle ne ferait pas "une carrière de victime". Depuis cinq ans, je la filme. Ensemble, nous plongeons dans son passé et nous y découvrons l’histoire d’une héroïne.
Damien Samedi a 43 ans. Quand il était enfant, dans son village wallon en bord de Meuse, on l'appelait le Petit Samedi. Pour sa mère Ysma, Damien est toujours son gamin, celui qu'elle n'a jamais abandonné lorsqu'il est tombé dans la drogue. Un fils qui a, malgré tout, cherché à protéger sa mère. Un homme qui tente de se libérer de ses addictions et qui fait face à son histoire pour s'en sortir.
Ils ne quittent pas leur chambre, restent enfermés chez eux des mois voire des années. On les appelle les Hikikomori, un mot japonais qui signifie se "cloîtrer". Ce phénomène de claustration est apparu au Japon dans les années 90 suite à la crise économique. Ce film éclaire sur ce mal mystérieux en suivant le travail de Marie-Jeanne Guedj, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne, une des premières en France, à s'être intéressée à ces jeunes reclus.
Jazz est une vieille femme afro-américaine. Elle vit seule dans une maison récupérée sans eau, ni électricité. Comme bon nombre de femmes afro-américaine, elle vit dans la misère, avec pour seule maison un logement insalubre. Dj Holiday est le double de Jazz, son personnage de scène. C’est elle qui chante depuis toujours, qui monte tous les jeudis soirs sur la scène du Berts, où sa voix brisée rayonne, entourée des meilleurs musiciens de jazz de la ville. Le documentaire est un portrait de cette femme, qui nous émeut jusqu’aux larmes. Au travers de son regard, on perçoit les épreuves qu’elle a pu traverser tout au long de sa vie, et qui ont fait d’elle la femme qu’elle est : une femme à la fois forte et généreuse. A travers ce portrait, le réalisateur Arno Bitschy évoque la face sombre du rêve américain, ses millions d’âmes errantes, délaissées.
Alicia a un an lorsqu'elle enlevée à sa mère adolescente par le Child Welfare Bureau. Par l'entremise d'une famille d'accueil, elle est placée dans un foyer de soins pour enfants à l'âge de cinq ans. Au moment où elle a neuf ans, elle est toujours là, en attente de placement avec une nouvelle famille. C'est à ce moment que commence le documentaire Alicia. Pendant trois ans, le film suit la petite fille dans sa vie quotidienne dans des images d'observation rapprochées. Celles-ci rendent palpables les désirs d'amour et de sécurité, et l'impuissance de la jeune Alicia adolescente sans foyer, ainsi que l'impact de n'avoir aucune perspective.
Ron et Karen accueillent chez eux une communauté de personnes qui entendent des « voix » commentant, chaque jour, leurs pensées et actions. Tous débattent de l’impact qu’elles ont sur leur vie et leur identité sociale, ainsi que des négociations à engager avec elles pour en faire des cohabitantes plus que des intruses. Ceci introduit une dialectique originale sur la différence, la stigmatisation et l’indépendance, et montre comment les singularités individuelles peuvent former un corps politique. Pour le film, la « folie » n’est pas déconnexion de la réalité, mais plutôt conscience aiguë de celle-ci.
Dans un pays où la folie est fortement stigmatisée et à peine prise en charge par l'institution hospitalière, chaque étape du voyage rend perceptible l'importance du temps passé à écouter le malade et sa famille. Au fil des rencontres avec Michel Dewez, médecin, psychiatre et psychanalyste belge, des soignants de centres de santé généralistes sont formés à une prise en charge ambulatoire.
Un centre psychiatrique de Téhéran met en œuvre un projet révolutionnaire : permettre le mariage entre patient.e.s. Ces femmes et ces hommes à la recherche de l’amour devront se confronter aux préjugés d’une société traditionaliste. Un film sensible et délicat sur les rapports intimes et sur la notion complexe de folie.
Alors que son père est atteint de la maladie d’Alzheimer, Nicolas Prividera exhume des films de famille dans lesquels son père aimait à le filmer enfant. Leur relation s’était compliquée par la suite ; le souvenir impossible de la mère disparue pendant la dictature s’étant glissé entre eux (disparition qui est au cœur du premier film de Prividera, M). A travers un brillant récit, à la fois linéaire et circulaire, le film nous permet de ressentir l’épaisseur du temps, sa consistance, faite de différences et de répétitions. Qu’est-ce qui change et qu’est-ce qui se répète dans l’histoire d’une famille, dans l’histoire d’un pays, dans l’histoire du cinéma ? Chaque histoire parle avec les autres, parle des autres, les croise et les chevauche. Le résultat est un montage fascinant, dans lequel l’émotion naît de l’intelligence et l’intelligence de l’émotion.
Aujourd’hui nous vivons dans un monde où la logique de rentabilité s’applique à tous les domaines. Les lieux dédiés aux métiers du soin, du social, de l’éducation… sont gérés par des managers ou des experts pour qui seul comptent les chiffres, niant les besoins humains. Les professionnels ne retrouvent plus le sens de leur engagement et vivent péniblement l’altération profonde de leur métier. Roland Gori, psychanalyste et initiateur en 2008 de l’appel des appels se bat contre cette logique, en scrutant et dénonçant les failles de nos sociétés néo-libérales. L’appel des appels est un mouvement opposé à la marchandisation de la santé, de l’éducation, de la culture… Ce film propose un portrait intime de Roland Gori, de sa pensée et de ses combats étayés par des témoignages de proches tels que ses éditeurs Henri Trubert et Sophie Marinopoulos (Les liens qui libèrent), la philosophe et académicienne Barbara Cassin, son épouse et chercheuse Marie José del Volgo ou le journaliste de l’humanité Charles Sylvestre…
Un funambule marche sur un fil tendu au-dessus du vide. Le souffle coupé, on est suspendu à chacun de ses gestes que l’on imite intérieurement, éprouvant en miroir les mêmes émotions. On ressent ce que l’autre ressent, on est en empathie avec lui. Qu’est-ce qui fait de l’être humain cet être social, capable de prendre le point de vue de l’autre, tout en restant lui-même? D’où vient le plaisir d’échanger, de s’entraider et de faire ensemble ? Et les grands singes, nos plus proches cousins, sont-ils doués d’empathie ? Qu'en est-il des rats et des autres mammifères ? Pour le savoir, nous allons croiser plusieurs approches entre elles car l’empathie est un concept mouvant qui est passé de la philosophie à l’esthétique puis à la psychologie, aux neurosciences et à la biologie. Par des observations éthologiques et des mises en situation expérimentales, les primatologues étudient les comportements sociaux des animaux, et les psychologues la naissance et le développement de ces comportements chez l’enfant. On peut voir ce qui se passe dans le cerveau quand on éprouve de l’empathie mais aussi lorsqu’on a du mal à identifier les émotions et les intentions d’autrui. C'est ce qui se passe dans certaines pathologies ou à la suite de traumatismes. Et si l'empathie était à l’origine de l’évolution des espèces, voire de l’essor des civilisations humaines.
Janvier 2016. L'histoire amoureuse qui m'avait amené dans le village d'Alsace où je vis est terminée depuis six mois. A 45 ans, je me retrouve désormais seul, sans voiture, sans emploi ni réelle perspective d'avenir, en plein cœur d'une nature luxuriante dont la proximité ne suffit pas à apaiser le désarroi profond dans lequel je suis plongé. La France, encore sous le choc des attentats de novembre, est en état d'urgence. Je me sens impuissant, j'étouffe d'une rage contenue. Perdu, je visionne quatre à cinq films par jour. Je décide de restituer ce marasme, non pas en prenant la caméra mais en utilisant des plans issus du flot de films que je regarde.
Romy n’a pas vu son père ni sa famille paternelle depuis le divorce de ses parents il y a dix ans, et vit une relation de grande proximité avec sa mère, fondatrice de la marque "LOL". En pleine crise existentielle, elle décide de se rendre chez son père à Bruxelles et de mener une enquête sur la raison du divorce de ses parents. Anaïs, une amie - fille de divorcés aussi -, lui propose de l’accompagner filmer ses retrouvailles. Mais cette enquête sur les traces du passé va faire exploser les non-dits. Une aventure libératrice entre Shoah, secrets de famille et farouche volonté de vie.
La vie de Fernand Deligny, éducateur célèbre, et son désir de cinéma croisent son accueil d’enfants autistes. De l’hôpital d’Armentières en 1940 au hameau de Graniers, Deligny invente des lieux de vie qui permettent aux enfants et adolescents d’échapper à l’enfermement. Il crée du collectif et du réseau ; il invente un atelier permanent de recherche sur ce qui fait l’humain au–delà du langage. On le connaît pour 2 films « Le Moindre Geste » et « Ce Gamin là ». Mais il n’a cessé pendant 40 ans d’articuler ses expériences de vie avec des essais cinématographiques. Truffaut sera un de ses compagnons de route.
Martin est rejeté par sa mère et souvent maltraité par son père. L'histoire ressemble à une étude de cas tirée du livre « Le drame de l'enfant doué » de la pédopsychologue suisse de renommée mondiale, Alice Miller. Mais Martine est son fils ! Après la mort de sa mère, il mène une enquête pour tenter de comprendre la contradiction entre la célèbre théoricienne de la maltraitance et sa mère destructrice. Il part à la découverte du drame qui se cache derrière son histoire : la Shoah, à laquelle sa mère a échappé en Pologne en prenant une fausse identité.
Unité de Crise et d'urgences psychiatriques, Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles. Qu’est-ce que le travail du personnel en santé mentale aujourd’hui ? Chaque thérapeute, du psychiatre à l’aide-soignant, peut se poser cette question : qu’est-ce que je fais là ? Qui suis-je pour essayer de soigner alors qu’on sait que la plupart du temps, on accompagne ? Ce film interroge la psychiatrie au présent, nos capacités d’écoute et d’acceptation, dans un lieu singulier et intense où l’on peut entrevoir la qualité de vie d’une société et ses limites.
La réalisatrice a grandi dans un hôpital de l'Est de la France, inauguré en 1973 par ses parents, tous deux psychiatres. Rompant avec la tradition asilaire, ils y ont expérimenté de nouvelles façons de soigner. Aujourd'hui, cet hôpital a changé : des murs se sont élevés et des portes se sont refermées. Trente ans plus tard, elle retourne sur place pour faire revivre l'utopie médicale des années 70 et la confronter à la réalité d'aujourd'hui. Un débat qui questionne l’hôpital idéal, la folie et la normalité.