Pendant toute l'entre-deux-guerres, un homme, fascine l'opinion. Sa photo fait régulièrement la une des journaux. Il inspire des écrivains, des dramaturges et des cinéastes: Giraudoux, Drieu la Rochelle, Anouilh,... Son nom: Anthelme Mangin. Son surnom: "Le soldat inconnu vivant". Son histoire: celle d'un soldat qui en 1918 revient amnésique d'un camp de prisonniers en Allemagne. À peine son existence est-elle révélée qu'elle rencontre immédiatement la douleur des trois cent mille familles des disparus de la guerre qui n'arrivent pas à faire leur deuil. Par dizaines, des femmes, des mères, des pères, des frères, des soeurs, des enfants, vont le reconnaître comme étant des leurs. Au mépris de son physique, de son âge, de son éducation... C'est à coup de procès qu'une dizaine de familles va essayer d'obtenir sa reconnaissance. Seule la Deuxième Guerre mondiale viendra interrompre ces procédures. Baladé d'asile en asile pendant toutes ces années, c'est à Sainte-Anne, seul et abandonné de tous, qu'il s'éteindra en 1942. Mangin, au milieu des années folles, est une sorte de mort-vivant, un spectre qui hante les consciences. Sans jamais s'exprimer. Sans porter de jugement. Sans rien réclamer.
LE JOUR DES IDIOTS Fiction (1h45)
Réalisateur :
Werner SCHROETER Pays :
RFA
- 1982
Bundesfilmpreis de la meilleure réalisation en Allemagne
Carole Schneider (Carole Bouquet, dans un de ses premiers rôles, plutôt déshabillé) est une jeune femme charmante autant qu'excentrique. L'insouciance d'une vie aisée et d'un milieu bien-comme-il-faut la laisse toutefois insatisfaite. Son petit ami semble bien incapable d'apporter la moindre réponse à ses demandes émotionnelles. Pour attirer l'attention sur elle, elle dénonce comme dangereux terroristes ses paisibles voisins. Par ce petit détail, le réalisateur pointe la paranoïa, savamment entretenue par le gouvernement, qui avait touché la société allemande pendant les "années de plomb". Ses outrances amènent Carol dans un asile psychiatrique assez étrange, qui peut être vu comme la métaphore d'une société avide de se débarrasser de tous ses "gêneurs". Werner Schroeter signe ici une oeuvre qui, si elle renoue avec la structure narrative linéaire (après une série de films-collages expérimentaux), utilise pour traduire l'état d'esprit de sa protagoniste des séquences hallucinées, dont le montage sert à créer une désorientation spatiale et temporelle. L'essentiel de la signification du film est délivré par le corps de Carole, ses expressions faciales et sa gestique, bien plus que par les dialogues. Un film âpre et complexe qui fait voler en éclat toutes les prison-asiles du désir.
Reportage à l’institut psychiatrique pour femmes de Lovenjoel à Louvain, avec comme guides trois psychiatres qui y travaillent mais n’ont pas toujours de certitudeou de réponse définitive à donner. Une introduction à l’univers asilaire, universprofondément troublant, qui pose une série de questions ne concernant pas seulement les malades...
Paul est schizophrène et semble intégré dans sa famille, jusqu'au jour où, suite à une déception amoureuse, il pète un cable. Ses parents le conduisent à l'hôpital psychiatrique où il rencontre Oli Beatle qui pense être l'auteur des chansons des Beatles qu'il leur aurait envoyées par télépathie, Victor qui se prend pour Hitler et Pierre qui pense avoir écrit une thèse sur Schiller. Au bout d'un certain temps, Paul va mieux. Il retourne chez ses parents. Mais peu après, il rechute et, comme au Monopoly: retour case départ, ou plutôt en "prison". Devenus de plus en plus dociles, Paul et ses amis de l'hôpital ont l'autorisation de sortir. Ils décident de se rendre dans un restaurant de haut standing afin d'y faire un somptueux repas. Au moment de l'addition, l'un d'entre eux demande au garçon de téléphoner à la police pour les ramener à l'hôpital psychiatrique. La fin est beaucoup moins drôle (mais on ne vous la donne pas)... Cette fiction met le doigt sur l'absence de suivi post-psychiatrique.
Le décor : l’hôpital psychiatrique d’Evreux à la veille de sa démolition. En guise d’introduction, un mouvement de travelling arrière, rapide et sec, traversant une fenêtre. Ainsi s’annonce le programme du film : aller du dehors vers le dedans, porté par le souffle du vent. Rebattant les cartes en déliant les images du son qu’il retravaille par une synchronisation partielle, Quentin Brière Bordier focalise toute son attention aux sonorités de la vie matérielle. Claquement des ciseaux du coiffeur, ronronnement du rasoir éléctrique, cliquetis des couverts, autant de présences sonores magnifiées par un somptueux noir et blanc. Exempt de parole, le film oppose au témoignage un regard attentif aux visages et aux gestes ritualisés de la vie quotidienne. Attention dénuée de toute nostalgie pour les murs usés de ces espaces désuets, dont la tonalité carcérale surgit au détours de quelques plans violents, saccadés. Et alors que peu à peu, dedans, les espaces se vident, vouant à la disparition des ultimes traces des vies passées, et que dehors la destruction fait rage, murs détruits, arbres arrachés dans le fracas des tronçonneuses, on voit ces corps prostrés, têtus dans leur mutisme. On l’a compris, des arbres qu’on abat à ces derniers hommes, Quentin Bordier nous convie à déplacer notre regard au-delà de toute compassion pour, comme le titre évoquant Murnau le suggère, nous souvenir d’une humanité qui est aussi la nôtre”. http://quentinbrierebordier.wordpress.com/2013/03/23/les-derniers-hommes-2/
Qui soigne-t-on, que soigne-t-on, comment ça soigne ? Comment communique-t-on avec des enfants qui ne parlent pas ou peu, qui semblent indifférents à la relation humaine quelle qu'elle soit ? Comment l’enfant autiste peut-il sortir de sa bulle ? Comment les parents vivent-ils la souffrance de leur enfant et la thérapie au long cours dont il bénéficie ? Dans un hôpital de jour d’un secteur de pédopsychiatrie, nous avons filmé librement les enfants et leurs soignants dans leurs activités thérapeutiques et éducatives, ainsi que des parents. http://lesenfantsdelaroseverte.lecarnetrouge.fr/index.html
LES GENS NORMAUX N'ONT RIEN D'EXCEPTIONNEL Fiction (1h43)
Réalisateur :
Ferreira Barbosa Laurence Pays :
France
- 1993
César du meilleur jeune espoir féminin : Valeria Bruni Tedeschi
Martine, 25 ans, ne sait plus très bien où elle en est dans la vie. Petits boulots et aventures sans lendemain ne la satisfont plus. Elle décide alors de forcer le destin. Délaissée par François, elle provoque une ultime explication qui tourne à l'incident. Souffrant d'amnésie, elle est admise en hôpital psychiatrique. Elle s'y découvre une nouvelle nature, alerte et active, s'occupant des uns et des autres... Il y a dans ce film un dynamisme, une ardeur et une gaieté d'autant plus étonnants que l'hôpital psychiatrique en est le cadre, qu'il s'agit d'une crise et que l'héroïne y va d'échec en échec. Mais la vitalité assez exceptionnelle de Valérie Bruni-Tedeschi, alliée à la justesse de ton de la réalisatrice, rétablissent l'équilibre à merveille.
Maryse a été référée à l'hôpital de jour pour un trouble global du développement. Après 9 mois de traitement, elle va mieux : nous la suivons dans ses diverses activités au centre de jour, de son arrivée le matin à son départ en fin d'après-midi.
A l'aide d'entrevues du personnel clinique, illustrées d'exemples d'intervention avec les enfants, on présente les diverses facettes de l'hôpital de jour : l'évaluation , les principes généraux de la thérapie de milieu, l'organisation du milieu de vie, l'équipe au cœur du traitement, le partenariat avec la famille, l'intégration à l'école...
On présente l'histoire de trois familles dont un enfant a été suivi à l'hôpital de jour. Les parents racontent les motifs de la consultation, la démarche qu'ils ont suivie et l'aide qu'ils ont reçue. Ils nous font partager leurs espoirs et leurs inquiétudes.
Jean Oury nous trace l'histoire de son aventure qui allait faire de la clinique de La Borde un lieu mythique de la psychiatrie contemporaine. Il nous rappelle avec humour et clairvoyance, dans sa discussion avec Pierre Delion, les fondements de la psychothérapie institutionnelle et les risques qu'elle connait face à l'évolution technocratique actuelle de notre système de santé.
Après neuf ans de détention psychiatrique pour viol, Theo est libre. Sa peur des femmes, indissociable de son désir insatisfait, fait de son quotidien un véritable enfer. A vingt-sept ans, Nettie est enfin parvenue à se détacher de son père qui la maltraite psychologiquement depuis sa plus tendre enfance. Theo et Nettie font connaissance et s'éprennent l'un de l'autre. Un voyage commence qui les confrontera à leur libre arbitre.
Une chronique dure sur la tentative de réinsertion d'un ancien détenu psychiatrique, magistralement interprété par Jürgen Vogel. Au-delà de la forme très maîtrisée, le film est saisissant par la complexité du récit, où alterne le monstrueux et l'humain, sans aucun raccourci psycho-explicatif. Obsédant et convaincant, il dépeint l'amour entre deux êtres en proie à la terreur, la culpabilité et la solitude. Un film réussit pour un sujet fort.
Bonus: La note d'intention. - Les récompenses. - Galerie photo. - Filmographies.
Les alternatives à l'hospitalisation pour les personnes atteintes de troubles mentaux. L'hôpital psychiatrique reste le seul univers pour une majorité de patients, parfois pour toute la vie. D'autres solutions qui laissent une porte ouverte à la réinsertion dans la vie sociale existent pourtant...
« Il me semble que le paradis... C’est un amour qui te transperce le ventre et qui te rend vraiment heureux… Une sensation d’éclatement d’amour, dans un lieu lointain. C’est un lieu où l’on peut jouir, le paradis. » (Michel) Je n’ai pas revu Michel depuis 2001. Il habitait alors dans un appartement thérapeutique à Mâcon. Mais des problèmes sont survenus. Je le retrouve maintenant à l’hôpital dans une unité de psychiatrie complexe ; un secteur silencieux et fermé. Sa parole se révèle entre douleur et résistance, humour et lucidité ; s'y découvre une histoire d’amour aux corps empêchés.
Dans une époque de grandes remises en questions politiques et sociales, et le film est ancré dans un temps où la lutte du malade mental pour sa reconnaissance en tant qu’individu s’inscrivait naturellement dans une mouvance révolutionnaire.
Une petite unité de l'hôpital psychiatrique du Vinatier, près de Lyon. Des ombres, des silhouettes. Si on veut bien se rapprocher, dépasser la crainte instinctive que suscite la maladie mentale, on pourra découvrir derrière ces silhouettes anonymes, des hommes et des femmes que la folie soustrait à notre monde commun…
Rome, fin des années '60. Nicola et Matteo sont étudiants à l'université. Nicola fait la médecine, Matteo la littérature. Leur père dirige un magasin d'articles de bureau, leur mère est prof, leur soeur aînée est juge quelque part dans le Nord, et leur soeur cadette est encore une petite fille. Matteo travaille comme bénévole dans un hôpital psychiatrique et kidnappe une jeune autiste qu'on lui a confiée car il se rend compte que les traitements ne font que l'enfermer plus. La jeune fille est récupérée par la police. Les deux frères se séparent alors, Matteo décide de faire son service militaire pendant que Nicola part en Norvège. Les inondations de Florence le ramènent au pays où il retrouve Matteo sous l'uniforme et rencontre Giulia, une jeune pianiste. Ils se mettent en ménage et ont une petite fille. Le couple milite dans les mouvements d'extrême-gauche, Giulia abandonne le piano, se radicalise, quitte sa famille et entre dans les Brigades Rouges alors que Nicola est lentement récupéré par le système. Matteo, engagé dans la police, part réprimer les émeutes à Turin et retouve Nicola qui défend les droits des malades mentaux, ainsi que sa soeur qui est juge d'instruction... Une oeuvre commandée par la RAI, une grande saga familiale qui parcourt l'Histoire de l'Italie des années '60 à la fin du vingtième siècle. Interviews - Arbre généalogique - Bande-annonce.
Orangerie : une unité de l’hôpital neuro-psychiatrique du Luxembourg, son équipe de soignants, son médecin, ses patients. Le quotidien se partage entre gérer la maladie et vivre ensemble dans un lieu que beaucoup veulent quitter au plus vite tout en y ayant trouvé refuge de plein gré. Des moments de rencontre entre personnes singulières, désespérées, débrouillardes ou impuissantes, bavardes ou silencieuses, soignantes ou soignées, au sein d’une gestion hospitalière bien définie.Nos fous ont changé de visage, les traitements et la gestion de la folie aussi.
Karin Rondia s'entretient avec Léon Cassiers, Professeur émérite de psychiatrie à l'Université Catholique de Louvain, ancien doyen de la Faculté de médecine de l'UCL, ancien président du Comité Consultatif d'éthique, co-fondateur et membre de plusieurs associations et commissions dont l'Unité 21 à l'Hôpital St Luc de Bruxelles.
Lors de cet entretien, Léon Cassiers nous livre, avec son "bon sens réaliste", l'évolution de sa pensée et de ses pratiques dans l'univers de la psychiatrie, tout au long de son parcours jalonné de multiples interrogations sur le sens de la vie et de la spécificité humaines. Depuis l'étude du cortex du singe et de la neuropsychiatrie, en passant par la psychanalyse, la criminologie et la pratique des urgences, Léon Cassiers a toujours cherché à comprendre la nature de l'homme. Dans la grande tradition médico-philosophique, le professeur Cassiers place l'homme au coeur de sa recherche, s'interroge sur la spécificité de ses pathologies et questionne la psychiatrie sur les réponses qu'elle peut y apporter.
Pour les malades dits "malades mentaux chroniques", des "expériences pilotes" sont tentées en France afin de leur permettre d'en "sortir" et de trouver une place dans la société. Explications de ce travail de réinsertion sociale à travers un exemple dans le Gard. Malgré un lourd passé psychiatrique, trois personnes osent se lancer dans l'aventure du dehors. Comme la pratique alternative qui a inspiré les producteurs, le film se déroule entre deux pôles: l'hôpital psychiatrique de Prime Combe, impasse où échouent les malades chroniques de toute la région, et Sommières, lieu ouvert, ville carrefour.