"L'erreur la plus répandue est de vouloir entreprendre séparément la guérison du corps et de l'esprit " - Platon L'idée d'une médecine qui s'intéresse à la fois aux symptômes du malade et à son psychisme ne date pas d'hier. A force d'hyperspécialisation, le patient n'est plus pris en charge dans sa globalité. Aux cliniques universitaires de Mont-Godinne, une unité de psychosomatique existe depuis plus de 20 ans. Elle accueille des patients qui souffrent de pathologies diverses et leur propose une thérapie qui porte à la fois sur le psysique et le psychique. " Pulsations " a suivi la vie du service et des patients.
La peau, organe multiple et complexe, qui nous sert de première carte de visite puisq'elle s'offre aux regards des autres, est aussi le reflet de nos conflits internes les plus secrets. C'est probablement l'un des organes où somatique et psychique sont le plus intimement amalgamés. De la verrue à la calvitie, en passant par l'acné, l'eczéma ou le psoriasis, il n'est guère de " chagrins de la peau " qui échappent à cette causalité.
Dans cette entrevue, Madame Joyce Mc Dougall nous présente ses vues sur les sujets qui sont au cœur de ses préoccupations actuelles. Dans un premier temps, elle nous fait part de l'origine de son intérêt pour les patients qui, dans le but de préserver leur intégrité psychique, ont recours à la somatisation ou développent une organisation mentale de type addictive. Au sujet des patients psychosomatiques, elle nous parle du concept de désaffectation qu'elle a proposé pour rendre compte du traitement qu'ils font subir à leur vie affective, des notions de pensée opératoire et, finalement, du sens du symptôme. Enfin, elle aborde le concept d'économie addictive qu'elle a mis de l'avant récemment pour rendre compte du type de fonctionnement mental présent chez certains patients narcissiquement fragiles.
Initiée en l'an 2000, l'Université de tous les savoirs (U.T.L.S.) organise à Paris de nombreuses conférences présentant à un large public la recherche et le savoir actuels en recevant de grands intellectuels et scientifiques francophones du monde entier.
Conférence donnée le 8 février 2000 par Roland Jouvent.
"En trente ans, les sciences du cerveau ont considérablement progressé. Cette avancée tient à l'émergence successive de deux grands domaines, la neurobiologie et les sciences cognitives. Ces neurosciences de la cognition se trouvent érigées au rang de corpus théorique de référence; la psychiatrie et la psychopathologie expérimentale sont parmi les premières disciplines concernées. En réussissant à se dégager de toute ambition théorique hégémonique, la psychologie cognitive et les neurosciences ont su leur offrir une nouvelle opérationalité. De nouvelles méthodologies laissent augurer une première approche fonctionnelle du cerveau, voire du fonctionnement de l'esprit. A partir de différents exemples concernant des situations normales (stress maternel, effets de l'âge sur les conséquences du stress) et pathologiques (anxiété, trouble obsessionnel-compulsif, dépression), nous développerons l'idée d'une double continuité, phylogénétique et développementale. Si l'acquisition d'un néo-cortex et d'un langage a pu permettre à l'homme d'apprendre à utiliser des représentations d'actions en lieu et place des actes moteurs, et si la valeur adaptative de cette nouvelle compétence est énorme, il n'en ressort pas moins que nombre de troubles psychopathologiques trouvent sinon leur origine du moins leur expression primaire dans la partie moins évoluée, sous-corticale de l'être humain. De notre capacité à gérer l'animal en nous, dépend notre destin adaptatif et développemental."