Dans cet entretien, le Dr. Luc Ciompi nous explique que le patient schizophrène développe une psychose à cause d'un déficit dans la structuration des bases de références affectives et cognitives de son moi et de son monde environnant. Il souligne la participation de plusieurs facteurs génétiques, éducationnels, stresseurs sociaux et déclencheurs. A partir de ses études longitudinales, le Dr. Ciompi conclut que presque la moitié des patients schizophrènes ont une évolution favorable. Parmi les mesures thérapeutiques, l'auteur établit comme essentielle la constitution d'un milieu social propice qui protège le patient de la surstimulation et la complexité des informations.
Sont présentés : - les positions schizoparanoïdes et dépressives - le clivage - les identifications projectives normales et pathologiques - la capacité de rêverie de la mère - la fonction alpha - la pulsion K - le conflit esthétique- ainsi que les vues de F. Bégoin-Guignard sur le vocabulaire et la technique de Mélanie Klein.
Il nous est proposé un survol de la nosographie psychanalytique. L'état limite étant une lignée intermédiaire entre les lignées névrotiques et psychotiques, il ne peut être défini que parallèlement à une description de ces dernières lignées. Dans cette perspectives, tels les emboîtements des poupées gigognes, sont introduits divers concepts clés d'une psychopathologie psychanalytique dont :- la notion de structure de la personnalité - la notion de normalité chez Freud - une conception psychanalytique du caractère et du symptôme - les grands axes de la structure névrotique, de la structure psychotique et de l'organisation limite - le rôle du narcissisme - les pathologies du caractère - les principes généraux de l'abord thérapeutique des états limites.
En regard de la psychose chez les adolescents, le Dr Raymond Cahn, dans un premier temps, nous fait part des enjeux auxquels est confronté l'adolescent : enjeux concernant son identité, son corps sexué et sa relation au corps social. Ensuite, il nous amène au cœur même de la problématique centrale qu'il qualifie de " catastrophe psychotique ". Il développe les concepts fondamentaux de liaisons /déliaisons et de reliaisons en attirant notre attention d'une façon particulière sur ce qu'il appelle les liaisons dangereuses. Enfin, concernant la question de l'adolescent psychotique, le Dr Cahn dégage des fonctions spécifiques pour l'institution, les soignants, et le thérapeute.
Pour le Dr. Henri Sztulman, l'ambition thérapeutique ne consiste pas à gérer la psychose mais plutôt à changer quelque chose dans le fonctionnement mental. Il nous invite à livrer bataille à la pulsion de mort qui habite les patients psychotiques qui nous sont confiés. De façon plus spécifique, le traitement psychanalytique des psychoses des adolescents représente un défi considérable. Dans cette perspective, le Dr. Sztulman a créé à Toulouse en 1913 le premier hôpital de jour pour adolescents. Les concepts clés que sont les notions de lieu de vie, lieu de soin, lieu de traitement, sont introduits et développés dans cet entretien. Pour mieux comprendre les étapes à franchir dans le traitement psychanalytique, le Dr. Sztulman, commente les cinq formulations d'Harold Searles et les trois de Wilfred Ruprecht Bion.
Le Dr. René Angerlergues vient à la clinique psychiatrique, après avoir pratiqué en neuropsychologie durant vingt ans. De là, sans doute, son souci de décrire un statut de la psychiatrie qui soit défini de manière à permettre de tenir ensemble les deux fils de la biologie et de la psychanalyse. Chemin faisant, il aborde la place du DSM III, de la pharmacologie, des notions de prise en charge, de rééducation dans une psychiatrie compatible avec la qualité de l'homme, c'est-à-dire la qualité créatrice du psychisme humain.
Pour le Dr. Raymond Cahn, la psychopathologie de l'adolescent aujourd'hui soulève beaucoup de questions en regard des conduites agies : anorexie mentale, boulimie, toxicomanie, actes suicidaires, décrochages scolaires. Comme il a travaillé pendant plus de 16 ans avec les adolescents dans le cadre de l'hôpital de jour du parc Montsouris à Paris, il nous livre ses réflexions sur ces conduites agies. Laufer propose une classification clinique des psychopathologies de l'adolescent et le Dr. Raymond Cahn nous livre sa position critique en regard de cette classification. Il a théorisé sur les déliaisons dangereuses ; pour lui, tout adolescent quel qu'il soit, va développer des modalités de reliaison qui seront tributaires du mode de déliaisons rencontrées.
Dans cette entrevue, Madame Joyce Mc Dougall nous présente ses vues sur les sujets qui sont au cœur de ses préoccupations actuelles. Dans un premier temps, elle nous fait part de l'origine de son intérêt pour les patients qui, dans le but de préserver leur intégrité psychique, ont recours à la somatisation ou développent une organisation mentale de type addictive. Au sujet des patients psychosomatiques, elle nous parle du concept de désaffectation qu'elle a proposé pour rendre compte du traitement qu'ils font subir à leur vie affective, des notions de pensée opératoire et, finalement, du sens du symptôme. Enfin, elle aborde le concept d'économie addictive qu'elle a mis de l'avant récemment pour rendre compte du type de fonctionnement mental présent chez certains patients narcissiquement fragiles.
L'agir est très présent dans la psychopathologie de l'adolescent. Les troubles du comportement y prennent la forme des conduites agressives ou de retrait, du refus scolaire, de la toxicomanie, du trouble des conduites alimentaires ou encore des tentatives de suicide. Le Docteur Jeammet dégage une problématique commune à ces agirs, problématique qui repose sur une triple communauté de conduite, de style relationnel et d'évolution. En étroite articulation avec la définition de cette problématique, il brosse un programme thérapeutique comptant des volets individuel, familial et institutionnel.