Lausanne, fin du XIXème siècle. Une jeune fille d'origine modeste, Aloïse, souhaite devenir cantatrice et consacre tous ses efforts au chant. La première guerre mondiale éclate. Aloïse, fortement troublée par cette barbarie, est jugée trop agitée par un médecin qui la fait interner dans un hôpital psychiatrique. Elle y demeurera quarante ans pendant lesquels elle s'adonnera à l'écriture et à la peinture, tout en s'inventant un monde irréel... Le destin d'Aloïse Corbaz, internée pour schizophrénie mais dont la force créatrice prodigieuse s'exprima dans une peinture imaginative, célébrée par Jean Dubuffet.
En 1964, André Robillard s’est mis à fabriquer des fusils avec des matériaux de récupération ramassés au hasard de ses promenades dans l’hôpital psychiatrique où il vivait. Intrigué, son docteur envoya un de ces fusils à Jean Dubuffet, pour la collection d’Art Brut que celui-ci constituait en marge de la création artistique reconnue. Aujourd’hui, à quatre-vingts ans, s’il est devenu un artiste internationalement reconnu, André Robillard est aussi l’un des plus anciens patients de l’Hôpital Spécialisé en France. Il est entré à "l’asile", comme on disait alors, à l’âge de huit ans, en 1939, et y a vécu depuis, pendant soixante-dix ans, dans le même hôpital, où il fut témoin de toute l’histoire de la psychiatrie.
Portrait du peintre et écrivain belge Georges Moinet qui présente son oeuvre picturale et littéraire. Le peintre et écrivain belge Serge Moinet a passé douze années d'internement dans un asile psychiatrique, et s'est réfugié pendant dix ans dans un mutisme complet. Devant la caméra de Thierry Zéno, dont c'est la première réalisation avant le sulfureux "Vase de noces", il parle, parle beaucoup, lit des papiers, explique ses tableaux et sa conception du monde qu'ils illustrent, une cosmogonie personnelle liée au fonctionnement du cerveau et de la cellule, à la réverbération de la pensée. A son discours, à peine audible, cohérent dans la logique "folle", fait écho, à l'arrière plan, le brouhaha d'une salle d'hôpital. Thierry Zéno a choisi de filmer le visage du peintre comme ses tableaux, en gros plan. Il se rapproche des yeux, de la bouche, de la barbe, du menton, comme il capte un fragment de tableau. Dans l'art brut, plus encore qu'ailleurs, la personnalité et la création sont liées.
Sur les murs de Libreville au Gabon, il y a les écrits d'un personnage connu sous le pseudonyme du "Maréchalat du roi Dieu". André Ondo Mba de son vrai nom est un personnage particulier... Il souffre de schizophrénie paranoïde aigüe et est atteint de surdité. Au fil des années, il a développé un art graphique par l'écriture où il prêche les mythologies qui lui sont dictées depuis l'au-delà par son double immortel. Ses écrits font penser à l'écriture automatique des poètes surréalistes. Pour les médecins psychiatres il est considéré comme un cas, pour le commun des Librevillois qui ne le connaissent qu'à travers ses écrits c'est un poète, un philosophe, un mystique.
Compléments DVD: Entretien avec la réalisatrice (32') - Filmographie.
Un homme vit reclus depuis trente ans dans une forêt en France. Il creuse en solitaire de profondes galeries souterraines qu'il orne de gravures archaïques. Elles doivent résister à la catastrophe planétaire annoncée et éclairer, par leurs messages clairvoyants, les futurs habitants.
Le film raconte cette expérience en marge de la société moderne, affectée par la misère humaine et la perte définitive d'un monde parfait. Compléments DVD: "Un an après" (12') - "L'équilibre des fossoyeurs" (12') - Les complaintes audio (20').
Le boîtier comprend aussi un livret de 26 pages (entretien avec le réalisateur).
En 1960, René Laloux organise un atelier à La Borde avec l'aide de Félix Guattari. Dix malades inventent les dialogues et le scénario de son premier film. Un dentiste vole les dents des pauvres pour les revendre aux riches. Heureusement, un singe à vélo passait par là...
Depuis plus de trente ans, Boris Lehman a réalisé, produit et diffusé, de manière artisanale et souvent combative, plus de 300 films (parfois courts, parfois très longs). Alors qu'aujourd'hui le cinéaste ne désire plus voir ses films projetés qu'en sa présence, la Médiathèque permet cependant de découvrir en vidéo une quinzaine de jalons importants de son oeuvre. Ce film n'est pas un document sur la folie, pas plus qu'une enquête de cinéma-vérité. Il est le reflet de l'expérience vécue par le groupe de théâtre du Club Antonin Artaud (centre de réadaptation sociale et culturelle pour malades mentaux situé dans le quartier du Béguinage à Bruxelles et au sein duquel Boris Lehman fut animateur de nombreuses années durant). A travers la création ludique et instinctive d'une pièce construite à partir d'improvisations collectives s'exprime le désir des acteurs de "ne pas stagner, de pouvoir s'en sortir et de voler de ses propres ailes".
Un jour, Alexandre Kouznetsov, photographe, se rend dans un institut psychopédagogique, à 400 km de Krasnoïarsk où il réside. Régulièrement, il y retourne: "Au milieu de ces gens, déclarés fous, inadaptés, j'ai découvert un territoire d'une authenticité, d'une vérité dans les rapports, inimaginable dans le monde "normal". Et cela grâce au projet défendu par celui qui est aujourd'hui à la tête de cet établissement".
C'est ce visage-là, cette image-là de la Russie que le réalisateur a voulu transmettre: un autobus bringuebalant, empli de "fous", s'enfonçant dans la nuit après avoir donné un spectacle de chants devant des détenus, des enfants - eux aussi enfermés: une métaphore de la Russie.