"Dans certaines maisons de la région d'Ainay-le-Château, dans le Bourbonnais, un des murs de la chambre des propriétaires était autrefois percé d'une lucarne. L'ouverture ainsi pratiquée donnait sur les quartiers réservés à leurs pensionnaires, des malades mentaux, hommes et femmes. Les "parents d'accueil" pouvaient dès lors aisément surveiller les égarements passagers de leurs "protégés". Voilà déjà cent ans que ces pratiques existent et, aujourd'hui, quatre cents familles de l'endroit accueillent quelque mille patients principalement originaires d'hôpitaux parisiens. Là, c'est la campagne, nous y sommes des étrangers. Les gens de la ville n'ont pas colonisé les lieux, ils y ont envoyé leurs fous. Ces hommes et ces femmes ne sont pas un problème dont il est urgent de parler: ils ne dérangent personne, ils sont hors du monde, du nôtre. Chacun d'entre eux est, tout au plus, une petite tragédie du grand ordinaire, de celles que la société préfère laisser dans l'ombre et qui nous laisse toujours un arrière-goût amer" (Th. Augé).