Le documentaire de Michel Etter est une rencontre avec Martial, un jeune homme qui conduit un trolleybus qu’il a construit lui-même dans les rues de Lausanne. Il structure l’espace avec les lignes électriques des bus et suit les itinéraires à travers la ville avec une rigueur parfaite. Comme il le dit lui-même, c’est une manière d’être avec les gens parce que sinon, il serait trop désespéré. La ligne de bus oriente et projette la force de son désir de vivre et d’être vu. Il donne de cette manière un destin à son désir, il le dirige avec autorité et lucidité. Martial est un jeune homme fragile et souffrant qui parle avec franchise de sa tendance dépressive et de ses problèmes affectifs. Aborder les jeunes femmes lui paraît insurmontable ; c’est pourquoi il organise son affectivité, son besoin d’être aimé, autour du dispositif du bus, tout en reconnaissant volontiers que c’est un expédient. Ce destin particulier du désir, un peu déviant par rapport à la « normalité », nous touche parce que son branchement sur les lignes électriques du trolleybus lui donne une forme belle et pure. Il effraie aussi un peu parce qu’on ne peut s’empêcher d’imaginer un déraillement, un bouleversement de cet ordre, et le risque d’effondrement qui s’ensuivrait.
Les six frères Angulo ont passé toute leur vie isolés de la société, enfermés avec leurs parents dans leur appartement du Lower East Side à Manhattan. Surnommés « The Wolfpack », ils ne connaissent personne hormis leur famille et n’ont pratiquement jamais quitté leur appartement. Tout ce qu’ils savent du monde extérieur, ils l’ont appris dans les films qu’ils regardent de manière obsessionnelle et qu’ils recréent méticuleusement en fabriquant eux-mêmes accessoires et costumes. Leur univers est sur le point de s'effondrer le jour où l'un des frères parvient à s'échapper.