Dans les années 60, Ronald Laing fonde dans la région londonienne plusieurs lieux d'accueils thérapeutiques ou "households", dont le but est de mettre les patients à l'abri des agressions de la psychiatrie traditionnelle. La communauté d'Archway est de 1969 à 1972 un des principaux lieux où va émerger un regard radicalement neuf sur la maladie mentale et où la "thérapie" consistera à tenter de responsabiliser les malades dans leur prise en charge et de leur rendre le pouvoir sur leur propre vie. C'est cet univers que le cinéaste américain Peter Robinson, flanqué d'une équipe légère, va explorer sept semaines durant. Il en a tiré un petit bijou de cinéma-vérité, loin des clichés sur les "fous". Et quand, dans une scène renversante, le père d'un patient explique, avec entrain, qu'il a loué les services d'une fille pour un rendez-vous avec son fils catatonique, on se demande qui est à enfermer... Archway ressemble un peu à une société tribale. David, l'intellectuel impétueux, entraîne tout qui l'écoute dans un discours sans fin sans cesse menacé d'auto-invalidation. Julia, consumée par le besoin émotionnel de clamer sa bonne santé mentale, régresse dans l'enfance. "C'est le seul témoignage filmé que nous ayons qui montre ce que nous pensons devoir faire pour - disons: pour les gens qui sentent que la société les a détruits" (Ronald Laing).