Dans ce quatrième entretien de la collection "Mémoires de psys", le Dr Philippe Hennaux discute avec le Dr Micheline Roelandt, figure emblématique du mouvement de réforme des institutions psychiatriques au début des années 70. Inspirée à la fois par la notion d'"Institution totalitaire" et par l'ouverture des questions psychiatriques à l'ensemble de la société, Micheline Roelandt pointe du doigt la façon dont le fonctionnement institutionnel surdétermine le statut de malade.
Lors de cet entretien, Micheline Roelandt retrace son parcours de chef de clinique à l'Hôpital Brugmann à Bruxelles, et évoque cette période "révolutionnaire" durant laquelle elle a littéralement bousculé les structures hiérarchiques de l'hôpital.
Complément DVD: Un entretien dans lequel le Dr Micheline Roelandt nous donne son point de vue sur la toxicomanie et retrace son engagement dans la Ligue Anti-prohibitionniste.
Françoise Wolff, psychologue, documentaliste, s’entretient avec Jacques Pluymaekers, psychologue, formateur, thérapeute familial, co-fondateur du centre de santé mentale « La Gerbe » à Bruxelles. Dans cet entretien, Jacques Pluymaekers nous fait revivre les utopies et l’engagement de jeunes professionnels « psy » dans les années 60-70. Scandalisés par les conditions inhumaines des hôpitaux psychiatriques, ils vont s’atteler à imaginer et à créer un « dispositif psycho-social» permettant d’éviter l’hospitalisation en institution psychiatrique de personnes en crise. Guidé par sa rencontre avec l’antipsychiatrie, Jacques Pluymaekers va ensuite développer des pratiques de thérapie familiale de type systémique. Jacques Pluymaekers est également co-auteur d’un ouvrage de référence : « Réseau-Alternative à la psychiatrie », collectif international, ed. UGE 10/18, 1977.
Dans les années 60, Ronald Laing fonde dans la région londonienne plusieurs lieux d'accueils thérapeutiques ou "households", dont le but est de mettre les patients à l'abri des agressions de la psychiatrie traditionnelle. La communauté d'Archway est de 1969 à 1972 un des principaux lieux où va émerger un regard radicalement neuf sur la maladie mentale et où la "thérapie" consistera à tenter de responsabiliser les malades dans leur prise en charge et de leur rendre le pouvoir sur leur propre vie. C'est cet univers que le cinéaste américain Peter Robinson, flanqué d'une équipe légère, va explorer sept semaines durant. Il en a tiré un petit bijou de cinéma-vérité, loin des clichés sur les "fous". Et quand, dans une scène renversante, le père d'un patient explique, avec entrain, qu'il a loué les services d'une fille pour un rendez-vous avec son fils catatonique, on se demande qui est à enfermer... Archway ressemble un peu à une société tribale. David, l'intellectuel impétueux, entraîne tout qui l'écoute dans un discours sans fin sans cesse menacé d'auto-invalidation. Julia, consumée par le besoin émotionnel de clamer sa bonne santé mentale, régresse dans l'enfance. "C'est le seul témoignage filmé que nous ayons qui montre ce que nous pensons devoir faire pour - disons: pour les gens qui sentent que la société les a détruits" (Ronald Laing).
Contrainte par ses parents, une jeune fille subit un traitement psychiatrique qui la plongera dans la schizophrénie. Très influencé par les travaux de l'antipsychiatrie, le film de Loach traite essentiellement des méfaits de la répression familiale et médicale, et de leurs conséquences sur la personnalité. Note: il existe un documentaire sur Ken Loach (réalisé par Karim Dridi) dans la série "Cinéma de notre temps", qui porte la référence TD1583.
Après le passage sur l’antenne de la RTBF en 1977 du film de Marco Bellocchio « Fous à délier », Françoise Wolff reçoit sur le plateau les grandes figures de l’antipsychiatrie italienne, anglaise, française et belge : Mario TOMASINI , Franco BASAGLIA, David COOPER, Mony ELKAIM et Felix GUATTARI.
Pour demander la suppression des hôpitaux psychiatriques judiciaires et le retour des personnes internées dans les structures de soins au sein de la communauté, Marco Cavallo, grand cheval de bois et de papier mâché peint en bleu, symbole dès 1973, au cœur de Trieste, de la liberté regagnée par les malades mentaux, s'est de nouveau mis en route. En 2013 et 2014, il a couvert plus de 4400 km à travers les rues de 16 villes, à la tête d'une procession de citoyens, d'artistes, de travailleurs de la santé mentale, ainsi que de personnes internées qui, pour la première fois, ont raconté leurs histoires à leurs concitoyens.
Entre 1971 et 1978, le psychiatre Franco Basaglia mène une révolution scientifique et culturelle sans précédent. Autour de ce protagoniste charismatique et incontesté, une ville assiste incrédule, intimidée, dépassée par l'enthousiasme d'un groupe de médecins tout juste diplômés, à la transformation de la cité en un laboratoire à ciel ouvert en même temps que se démantèle l'asile psychiatrique San Giovanni (1200 lits). Le film offre un aperçu de la tâche la plus difficile à laquelle a dû faire face Franco Basaglia : changer la mentalité des gens.
Dépression, névrose, alcoolisme, violence... Chaque année, près de 45.000 personnes ont recours à la psychiatrie. Afin d'éviter la dépendance et la solitude inhérentes à l'internement psychiatrique, différentes structures alternatives proposent d'autres solutions que la camisole chimique. Réintégration dans la ville, placement familial, solidarité des particuliers...autant de formules souples qui préservent l'autonomie du malade et qui permettent la réadaptation à la vie sociale. Des responsables de l'encadrement des malades placés expliquent les avantages de ces formules et des personnes ayant un lourd passé psychiatrique apportent les témoignages de leur réinsertion. Leur équilibre mental demeure fragile et l'aide des neuroleptiques est souvent indispensable, mais aujourd'hui, elles ont un foyer et elles ont réappris à se prendre en charge.