Le décor : l’hôpital psychiatrique d’Evreux à la veille de sa démolition. En guise d’introduction, un mouvement de travelling arrière, rapide et sec, traversant une fenêtre. Ainsi s’annonce le programme du film : aller du dehors vers le dedans, porté par le souffle du vent. Rebattant les cartes en déliant les images du son qu’il retravaille par une synchronisation partielle, Quentin Brière Bordier focalise toute son attention aux sonorités de la vie matérielle. Claquement des ciseaux du coiffeur, ronronnement du rasoir éléctrique, cliquetis des couverts, autant de présences sonores magnifiées par un somptueux noir et blanc. Exempt de parole, le film oppose au témoignage un regard attentif aux visages et aux gestes ritualisés de la vie quotidienne. Attention dénuée de toute nostalgie pour les murs usés de ces espaces désuets, dont la tonalité carcérale surgit au détours de quelques plans violents, saccadés. Et alors que peu à peu, dedans, les espaces se vident, vouant à la disparition des ultimes traces des vies passées, et que dehors la destruction fait rage, murs détruits, arbres arrachés dans le fracas des tronçonneuses, on voit ces corps prostrés, têtus dans leur mutisme. On l’a compris, des arbres qu’on abat à ces derniers hommes, Quentin Bordier nous convie à déplacer notre regard au-delà de toute compassion pour, comme le titre évoquant Murnau le suggère, nous souvenir d’une humanité qui est aussi la nôtre”. http://quentinbrierebordier.wordpress.com/2013/03/23/les-derniers-hommes-2/
Une comédienne, un musicien et une plasticienne. Durant plusieurs mois, ils se sont rendus au Centre hospitalier psychiatrique « La Chartreuse » de Dijon pour écouter les voix de ceux qui y vivent un certain temps. Les visages d’Eva Grüber, réalisés en direct nous dévisagent, ils sont le fil rouge de ces morceaux de vie épars. Poème à dire, à chanter, spectacle-concert, paroles urbaines, oratorio polyphonique... René, qu’est-ce qui te fait vivre ? est un peu tout cela.
Avec des livres illustrés, une comédienne-liseuse entre dans un hôpital français pour rencontrer une bande de patients qui semblent isolés du monde. La littérature est une clé pour pénétrer dans l'enceinte de leur forteresse expressive et construire avec eux une ballade existentielle hors norme.