Dans la vie, Antonin Artaud était comme sur scène: furieux, terrifié, paroxystique. Son oeuvre poétique et théâtrale possède ce même caractère extrême et reflète un esprit torturé, un moi fragmenté, en quête d'incarnation. Il exorcise par une écriture-cri une réalité qui lui échappe. Jeune, Antonin produit deux livres qui dérangent les hommes, qui sont "comme une porte ouverte qui les mène là où ils n'avaient jamais consenti à aller": "L'Ombilic des Limbes" et "Le Pèse-Nerfs". Il y crée une nouvelle rhétorique qui transcrit ses "états innombrables" et sa douleur. Celle-ci aura raison de lui: il sera interné en 1939. Antonin Artaud, désespéré, remplit 406 cahiers en trois ans... Artaud est-il mort avant d'être né? L'hypothèse irrigue le documentaire d'André S. Labarthe qui conduit avec brio le théâtre cruel de la vie d'Antonin et célèbre le poète, révolutionnaire de l'art et de la vie.
Né en Martinique, Frantz Fanon est surtout connu pour son dernier livre, "Les Damnés de la Terre", écrit alors qu'il mourait d'une leucémie en 1961. Homme aux facettes multiples, il fut psychiatre en Algérie et Tunisie, Ambassadeur du gouvernement provisoire de la République Algérienne, membre du FLN, poète, écrivain, ami de Sartre et de Beauvoir. Personnage emblématique des années 60 et 70, ce jeune homme noir qui dénonca avec passion le racisme et le colonialisme appela les "damnés de la terre" à s'unir. Il fut admiré des Black Panthers et des jeunes révolutionnaires du Tiers-Monde.
Plutôt que de suivre une trame linéaire de cette vie extraordinaire, le film dresse un portrait complexe de Frantz Fanon. Mêlant documents d'archives, interviews et scènes reconstituées, le cinéaste Isaac Julien présente un Fanon tiraillé par des désirs contradictoires, profondément européen mais aspirant à se libérer de ses "masques blancs".
Un dimanche par mois, au 10 rue Voltaire, juste derrière la cathédrale de Reims, des patients et des soignants se retrouvent pour réfléchir à voix haute. Certains sont toujours là, quelques-uns viennent souvent, d’autres ne font que passer. Dans le « Récital lexical », ils se réapproprient le pouvoir perdu de “nommer”.
Avec des livres illustrés, une comédienne-liseuse entre dans un hôpital français pour rencontrer une bande de patients qui semblent isolés du monde. La littérature est une clé pour pénétrer dans l'enceinte de leur forteresse expressive et construire avec eux une ballade existentielle hors norme.