Jacques Hochmann, qui vient de publier Histoire de l’empathie : connaissance d’autrui, souci du prochain (Odile Jacob, Paris, 2012), définit, dans cet entretien, le concept d’empathie après l’avoir bien différencié de la sympathie, de la pitié ou de la compassion.
Issu de la philosophie esthétique, repris par la psychologie de l’intersubjectivité puis par la psychanalyse, la phénoménologie et la psychiatrie interpersonnelle, le concept d’empathie intéresse maintenant les sciences cognitives et les neurosciences. Concept carrefour, souvent galvaudé, on définit l’empathie comme étant la capacité à se mettre à la place de l’autre sans oublier qu’on est soi. Sous certaines formes, le phénomène existe dans certaines organisations sociales animales.
Par contre, on a pu constater la présence d’un défaut d’empathie dans plusieurs psychopathologies, notamment l’autisme, la schizophrénie et la psychopathie. Après ce fascinant survol d’un concept qui nous semble si familier, le professeur Hochmann nous met en garde contre une certaine mystification de l’empathie et des risques inhérents à ce qu’on pourrait qualifier d’un excès d’empathie.
De la même façon il insiste sur le fait que, malgré le fait qu’il existe une ontogénèse de l’empathie et qu’on puisse la développer chez l’enfant, la violence est inscrite chez l’humain. Néguempathie, à la source de gestes de violence et désesempathie liée, celle-ci, à la fabrication des bourreaux sont aussi, malheureusement, présentes chez l’homme.
Jacques Hochmann est psychiatre et psychanalyste , professeur émérite à l’Université Lyon I, Claude-Bernard. Parmi ses plus récentes publications Histoire de l’Autisme, Paris, Odile Jacob, 2009
Après nous avoir rapporté un rêve personnel et signifiant, Guy Baillon nous explique l'importance de la première rencontre avec une personne en souffrance. Ayant créé une Unité d'accueil, il explique que le diagnostic et les soins sont secondaires à ce temps de l'accueil quel que soit le lieu de celui-ci : urgences psychiatriques, à domicile, voire en cellule d'isolement. Il situe clairement la place de la famille et le rôle des instances administratives pressées par la connaissance d'un diagnostic. Après avoir donné des axes de formation au personnel confronté à l'accueil, il définit celui-ci comme la capacité d'être présent à l'autre en totalité. Il fait en conclusion le lien avec la notion d'empathie que les neurosciences ont également étudiée. Guy Baillon est psychiatre des hôpitaux, ancien médecin-chef à l'hôpital de Ville-Evrard, auteur du livre : "Les urgences de la folie, l'accueil en santé mentale" Editions Gaétan Morin.
Un funambule marche sur un fil tendu au-dessus du vide. Le souffle coupé, on est suspendu à chacun de ses gestes que l’on imite intérieurement, éprouvant en miroir les mêmes émotions. On ressent ce que l’autre ressent, on est en empathie avec lui. Qu’est-ce qui fait de l’être humain cet être social, capable de prendre le point de vue de l’autre, tout en restant lui-même? D’où vient le plaisir d’échanger, de s’entraider et de faire ensemble ? Et les grands singes, nos plus proches cousins, sont-ils doués d’empathie ? Qu'en est-il des rats et des autres mammifères ? Pour le savoir, nous allons croiser plusieurs approches entre elles car l’empathie est un concept mouvant qui est passé de la philosophie à l’esthétique puis à la psychologie, aux neurosciences et à la biologie. Par des observations éthologiques et des mises en situation expérimentales, les primatologues étudient les comportements sociaux des animaux, et les psychologues la naissance et le développement de ces comportements chez l’enfant. On peut voir ce qui se passe dans le cerveau quand on éprouve de l’empathie mais aussi lorsqu’on a du mal à identifier les émotions et les intentions d’autrui. C'est ce qui se passe dans certaines pathologies ou à la suite de traumatismes. Et si l'empathie était à l’origine de l’évolution des espèces, voire de l’essor des civilisations humaines.