Après nous avoir rapporté un rêve personnel et signifiant, Guy Baillon nous explique l'importance de la première rencontre avec une personne en souffrance. Ayant créé une Unité d'accueil, il explique que le diagnostic et les soins sont secondaires à ce temps de l'accueil quel que soit le lieu de celui-ci : urgences psychiatriques, à domicile, voire en cellule d'isolement. Il situe clairement la place de la famille et le rôle des instances administratives pressées par la connaissance d'un diagnostic. Après avoir donné des axes de formation au personnel confronté à l'accueil, il définit celui-ci comme la capacité d'être présent à l'autre en totalité. Il fait en conclusion le lien avec la notion d'empathie que les neurosciences ont également étudiée. Guy Baillon est psychiatre des hôpitaux, ancien médecin-chef à l'hôpital de Ville-Evrard, auteur du livre : "Les urgences de la folie, l'accueil en santé mentale" Editions Gaétan Morin.
L'anorexie mentale chez le garçon, bien que relativement rare, est souvent mal connue ou mal reconnue. Jean Chambry nous donne dans cet entretien des clés pour mieux repérer les symptômes qui ne sont pas les mêmes que ceux des filles. La maîtrise de l'image du corps au regard des idéaux de la société est plus affichée que l'amaigrissement. Les conséquences somatiques sont cependant les mêmes que celles des filles. Il précisera sur le plan psychopathologique que les fragilités narcissiques et identitaires sont prévalentes. Il définira enfin les axes thérapeutiques qui doivent s'appuyer sur une approche multifocale associant le médecin somaticien et la famille.
Le docteur Thierry Gallarda, psychiatre au Centre Hospitalier Sainte-Anne à Paris, participe à une consultation Dysphorie de genre, qui reçoit et accompagne les personnes qui souhaitent entamer un processus de changement de sexe. Après avoir précisé les termes LGBT, le docteur Gallarda souligne dans un premier temps le fait qu'on ne parle plus maintenant d'un trouble psychiatrique mais d'une simple dysphorie, ce qui montre bien l'évolution de la société. Cette dysphorie se manifeste cependant par un malaise ou une souffrance, parfois importante, parfois banalisée, parfois déniée. Elle se caractérise également par une extrême hétérogénéité : parfois sans aucune comorbidité, parfois associée à des troubles sévères. Le rôle du psychiatre dans l'équipe multidisciplianire où il oeuvre est d'essayer d'évaluer la présence et selon le cas, l'impact des co morbidités et de voir comment on peut mieux répondre à la demande de transition de sexe. Dans un deuxième temps, Thierry Gallarda aborde la grande variété des perceptions selon les cultures et l'environnement socioéconomique et insiste sur le rôle essentiel des familles qui sont aux premières loges et évidemment de l'école. Il prône en terminant la nécessité du soutien tout en favorisant un regard distancié et une réflexion qui permet d'éviter les positions extrêmes.
Après avoir défini le processus de radicalisation des adolescents, Serge Hefez nous explique son mécanisme, proche de celui de la dérive sectaire, développant chez l'adolescent des croyances extrêmes et totalitaires justifiant le djihad et la violence comme moyens d'action. Il décrit ensuite les signes d'appel de cette radicalisation qui sont favorisés et entretenus par internet. Après avoir cerné globalement les profils des jeunes à risque de radicalisation, il nous montre, à travers un exemple clinique, comment un travail thérapeutique familial peut faire évoluer favorablement cette problématique. Il évoque enfin différentes perspectives de soin et de prévention possibles. Serge Hefez est psychiatre, psychanalyste, thérapeute familial et auteur de nombreux articles et ouvrages sur la famille.
Thierry Gallarda aborde le phénomène du vieillissement en identifiant deux grands moments charnières : la mise à la retraite, vers l'âge de 60 ans, avec des enjeux très particuliers sur le repli social et les ajustements socio-familiaux et ce qu'on pourrait appeler le grand âge, vers 80 ans, associé aux maladies physiques, à la perte d'autonomie et à la dépendance. Phénomène normal s'il en est un, le vieillissement peut également devenir pathologique. La dépression et les maladies neurodégénératives sont surreprésentées mais d'autres pathologies, anxiété, maltraitance, problématique autour de la sexualité, baisse importante de la qualité de vie. Thierry Gallarda aborde les facteurs de risque les plus fréquents associés à ces difficultés : traumatismes de l'enfance réactualisés, difficultés socio-économiques, maladies chroniques… Il aborde également l'importance de la prévention : contrer la solitude, combler les besoins de base et modifier la perception négative du vieillissement qui ne tient pas compte de l'évolution sociétale et l'âgisme qui fait bien plus de tort que le vieillissement lui-même. Enfin le docteur Gallarda résume le dispositif mis en place à l'hôpital Ste-Anne qui décloisonne les spécialités favorisant une synergie entre la neurologie cognitive et la psychiatrie de la personne âgée créant ainsi une offre de soin inédite. Le docteur Gallarda est psychiatre, responsable du Centre d'Evaluation des Troubles Psychiques et du Veillissement (CETPV) à l'hôpital Ste-Anne, Paris 14ème.
Prenant acte des connaissances actuelles du développement cérébral, Catherine Jousselme nous montre comment les effets des écrans (télévision, ordinateur, Smartphone, tablette) jouent sur le développement cognitif, affectif et relationnel des enfants et des adolescents. Elle en montre les effets négatifs tout en donnant alors des conseils précis aux parents. Elle réhabilite en particulier les paroles, les discussions qui deviennent des atouts pour développer le sens critique des enfants. Elle donne enfin des règles en fonction de l'âge pour accompagner les enfants face à ce médium devenu actuellement incontournable.
Sylvain Missonnier actualise les connaissances sur les troubles du sommeil chez l'enfant qui demeurent un motif fréquent de consultation. Après avoir cerné le problème du sommeil sur les plans anthropologique, neurophysiologique, psychanalytique et psychosomatique, il s'attache, après avoir illustré son propos par un exemple clinique, à donner des clés de réponse thérapeutique aux différentes formes d'expression clinique de ce symptôme.
Devant la fréquence importante des consultations concernant le divorce des parents, Catherine Jousselme nous invite, dans cet entretien à mieux comprendre les conséquences de cette séparation quelque soient les positions parentales. Ce moment difficile que vivent les enfants, se traduit toujours par une période de souffrance avec mésestime d'eux-mêmes qui dans les meilleures situations disparaît en quelques mois.La persistance du conflit parental, la souffrance parfois dépressive d'un des parents, peuvent cependant amener des perturbations psychiques chez l'enfant, variables suivant l'âge de celui-ci. Elle dresse ensuite les modalités de prise en charge variables et ciblées suivant les cas concernant les parents et l'enfant. Elle nous montre enfin les écueils éventuels des modalités de la garde alternée. Un document utile pour les soignants et les parents.
Dans cet entretien, François Gonon nous démontre avec passion et enthousiasme comment en étudiant pendant de nombreuses années le neurotransmetteur dopamine, il a compris que celui-ci n'est en aucune manière responsable du TDAH, preuves scientifiques à l'appui. Elargissant alors ses études au travers des publications scientifiques mondiales, il nous explique les limites des neurosciences sur l'explication des origines des troubles mentaux et ceci à l'inverse de croyances incomplètes trop souvent véhiculées par les medias et prenant trop souvent en compte une première publication sans tenir compte des publications suivantes qui invalident les premières. Il nous montre également comment la génétiques ne peut expliquer qu'un pourcentage infime des troubles mentaux et souligne les limites actuelles de la pharmacologie. Ses conclusions, étayées par sa connaissance des publications scientifiques mondiales, mettent en avant la place prépondérante de l'environnement dans la genèse des troubles psychiques en lien avec la plasticité cérébrale découverte par les neurosciences. François Gonon, Neurobiologiste, directeur de recherche au CNRS de l'Institut des maladies neurodégénératives de l'Université de Bordeaux.
Le Dr Cécile Rousseau, professeur à l'université Mac Gill à Montréal, dans cet entretien nous fait comprendre avec une grande clarté l'émergence de la radicalisation et les facteurs qui la déclenchent. Elle aborde également les modalités de recrutement et nous apporte enfin une réflexion utile pour mettre en place une politique de prévention.