Karin Rondia s’entretient avec le Dr Emile Meurice, directeur honoraire de l’Hôpital Psychiatrique Provincial de Lierneux, lequel retrace son parcours de psychiatre dans la région de Liège, brossant au passage un portait de l’évolution des pratiques depuis les années 50.
« Ce que disent les insensés n’a-t-il pas de sens ? ». C’est au départ de cette question que, cherchant à comprendre ce qui « dysfonctionne » dans le cerveau humain, Emile Meurice a passé de nombreuses années à chercher des outils d’analyse de la psychose et à s’interroger sur le sens du délire.
Fondateur du GIERP et de Psycholien, il publie aujourd’hui des monographies de personnalités atteintes de ce qu’il appelle « un excès d’implication ».
Dans ce cinquième entretien de la collection "Mémoires de psys", le Dr Carine De Buck s'entretient avec le Dr Danielle Flagey, psychanalyste, pédopsychiatre, membre fondateur de l'IFISAM (Institut de Formation à l'Intervention en Santé Mentale).
Danielle Flagey a fondé une approche novatrice de la psychopathologie de l'enfant, notamment en ouvrant le champ de la pédo-psychiatrie à l'intégration de différents axes : biologique, individuel, familial, pédagogique et social. Par ailleurs, lors de sa pratique en lien étroit avec les équipes pluridisciplinaires, elle a imprimé dans l'esprit de chacun l'importance de la supervision, et la nécessité de la pluralité des regards.
A l'âge de 17 ans, Danielle Flagey décidait qu'elle deviendrait psychanalyste. 60 ans plus tard, elle est membre titulaire de la Société Belge de Psychanalyse, mais elle a également influencé, par la rigueur de sa réflexion, toute une génération de pédopsychiatres.
Lors de cet entretien, Francis Martens évoque son parcours et ses réflexions, à la frontière de la psychanalyse et de l’anthropologie. « La psychanalyse, c’est une anthropologie… ». Il revient sur ses expériences à l’étranger et ses rencontres avec des éminences intellectuelles qui ont nourri son travail et sa pensée, comme Lacan, Jacques Schotte, Léon Cassiers et surtout Jean Laplanche.
Ce troisième entretien de la collection "Mémoires de psys" avec le Dr Philippe Hennaux, est consacré à la contribution de Siegi Hirsch à l'histoire de la psychiatrie, et permet de mettre en lumière les valeurs essentielles qui ont traversé son œuvre : la vie, la créativité, le souci de l'autre et le respect de celui qui veut savoir.
Siegi Hirsch a inspiré puis formé plusieurs générations de psychiatres aux thérapies de groupe et au travail systémique. Son influence déterminante lors de la création de nombre de structures extra-hospitalières à Bruxelles depuis les années 60 s'est prolongée par une réflexion sur les institutions, portant sur les rapports entre leurs fonctionnements et les pratiques thérapeutiques.
Nicole Dopchie a été la fondatrice en 1974 du Centre de Guidance de l'Hôpital Universitaire St Pierre à Bruxelles, chef du service de psychiatrie infantile à l'Hôpital Universitaire St Pierre, professeur de pédopsychiatrie à l'ULB, Facultés de Médecine et de Psychologie.
Dans ce premier document de la collection "Mémoires de psys", elle retrace l'aventure avec Françoise Wolff, de la naissance et de l'évolution de la pédopsychiatrie en Belgique, dont elle fut l'une des principales pionnières. Depuis son désir, dans les années 50, de faire de la "psychiatrie pour les enfants", à la création, 20 ans plus tard, de la première chaire de pédopsychiatrie à l'université dont elle sera la première titulaire, Nicole Dopchie évoque son parcours, ce métier qu'elle a vécu "dans sa chair", ses combats, ses fiertés et ses doutes. C'est également le portrait d'une personnalité hors du commun qui a marqué l'histoire de la pédopsychiatrie belge en ouvrant de nouvelles voies, décloisonnant des pratiques, développant des équipes pluridisciplinaires, et surtout... en semant des pistes...
Reportage à l’institut psychiatrique pour femmes de Lovenjoel à Louvain, avec comme guides trois psychiatres qui y travaillent mais n’ont pas toujours de certitudeou de réponse définitive à donner. Une introduction à l’univers asilaire, universprofondément troublant, qui pose une série de questions ne concernant pas seulement les malades...
"Je suis une star papillon et j'adore danser le baroque." : Aurélia fréquente un hôpital psychiatrique de jour parisien. Avec d'autres patients de la même institution, elle participe à un projet de médiation par la danse impliquant aussi les élèves d'un lycée professionnel, qui aboutira à un "temps pour danser", formule de l'Ecclésiaste qu'Alessandra Celesia (Le Libraire de Belfast, VDR 2012) a retenue comme titre de son nouveau film. Au cours de la préparation du bal, ces adolescent-e-s aux vies dissemblables vont s'apprivoiser, apprendre à se reconnaître, tester leurs capacités à s'approprier les gestes de la gigue ou du menuet, un univers devant lequel ils se retrouvent d'autant plus à égalité qu'il leur est radicalement étranger. La cinéaste regarde se tisser les liens d'amitié ou d'amour, sur la pointe "de l'objectif", si l'on ose dire, se plaçant dans une position aussi discrète que ce que sa caméra enregistre semble fragile. Un temps pour danser montre très simplement comment des êtres peuvent sortir de leur chrysalide et partager un peu de leur lumière intérieure. (Emmanuel Chicon)
Le film nous entraine dans l’étrange voyage d’une tribu, d’un petit peuple nomade qui n’a de terre que celle qu’il crée. Le film, réalisé avec les acteurs-patients de la clinique psychiatrique de La Borde est autant la cartographie d’une aventure poétique qu’une impossible histoire à raconter. Le film invite à expérimenter les vertiges et les transports d’une réalité insoumise. Sur les pas d’un petit peuple en devenir.
1998. Un enfant donne de petits coups avec son bassin sur chaque angle de son bureau. A voix haute, il énumère des multiples de 5. C’est l’espace entre le bureau et le mur qui l’obsède. Il n’est pas comme il devrait être. Et laisser les choses en l’état, accepter un léger décalage, ce serait faire courir un grand risque à son monde. Au monde tout court en fait.
2019. Mathieu a 33 ans. Parfois encore, son bassin cherche l’angle du bureau. Mais il a appris à y accorder moins d’importance, à accepter le léger décalage, découvrant ainsi qu’entre le bureau et le mur, effectivement, il y avait bel et bien le monde.
A Geel, près d’Anvers, sur 34000 habitants, il y a 550 "fous du village". C’est qu’une tradition séculaire veut que les paysans accueillent au sein de leur famille des patients psychiatriques. Ceux-ci n’y sont pas en vacances, mais en deviennent membres à part entière et participent à la vie de leur famille adoptive. Parfois durant des dizaines d’années. Arnout Hauben a suivi quatre de ces familles pendant quatre saisons, et filme "la vie comme elle va", sans pathos ni rebondissement spectaculaire : Robke et Eddie, les colombophiles (aussi nombreux dans cette région que dans le Hainaut des "Convoyeurs attendent), Léon, virtuose de la scie à bois, Klara, qui aime les escapades à la mer, et dont les parrains ne peuvent plus se passer. Geel est un documentaire produit pour la télé flamande, d’excellente facture, qui - pour une fois - prend la temps de nous raconter les petites choses de la vie, parfois amusantes, parfois un peu tristes, jour après jours, dans ce petit village finalement unique au monde.
Marlène est une jeune mère fantasque, venant d'un milieu prolétaire, sans emploi et qui a été quitté par son mari. Elle passe ses journées à regarder les émissions de télé-réalité et à se saouler. Son seul bonheur et sa fierté, c'est Elli, sa petite fille de 8 ans que Marlène surnomme affectueusement "Gueule d'ange". Mais pour la jeune fille, "gérer" sa mère et son alcoolisme est un combat quotidien, ce qui lui fait atteindre une maturité précoce ...
Chaque jour, des hommes et des femmes malades confient à leur journal des fragments de leur vie intérieure. Petits morceaux de soi, bruts, rassemblés, recollés dans l'urgence d'une perte de son équilibre, de son intégrité, voire de son identité. Que signifient, pour eux, ces mots posés sur les maux ? Comment interfèrent-ils avec l'épreuve qu'ils traversent ? Katouchka Collomb, Anne Poiré-Gallino et Marion Dessaules ont accepté d'ouvrir et de commenter leur journal intime. Elles racontent les moments douloureux qu'elles ont traversés et s'interrogent sur le rôle de cette écriture particulière.
La sophrologie est une technique de détente particulière, qui consiste à se plonger de manière individuelle dans un état de conscience de la relaxation. Elle peut s'adresser comme thérapeutique aux personnes âgées, en ce sens qu'elle permet de s'équilibrer, de s'adapter au milieu ambiant et de vivre en équilibre avec le milieu et soi-même. A long terme, la sophrologie est une rééquilibration générale de l'individu, qui entraîne un mieux-être à tous les niveaux. Pour les personnes du 3ème âge en particulier, la sophrologie peut intervenir dans leurs problèmes circulatoires et permettre d'éliminer certains troubles d'origine psychosomatique. Interviews et témoignages de médecins, psychiatres et adeptes de la sophrologie
En septembre 2018, j'ai décidé de filmer ma grand-mère, Annie, 96 ans, atteinte de maladie d'Alzheimer. J'ai voulu saisir les hauts et les bas de la maladie au rythme des visites de ses proches ; de la perte de ses repères jusqu'à ses instants de joie et de lucidité retrouvée.
Marie-Cécile Henriquet , psychologue, s’entretient avec le Professeur Pierre Fontaine, pédopsychiatre, psychologue, professeur émérite de psychiatrie de l’enfant à l’Université Catholique de Louvain, co-fondateur de la Federation of European Psychodrama Training Organisation, co-fondateur de diverses associations en psychodrame, thérapies familiales, etc… Pierre Fontaine, personnage « bi-polaire » comme il se définit lui-même, intègre d’emblée le jeu dans son approche thérapeutique avec les enfants. Développant une pratique de thérapie familiale basée sur l’émergence de la « partie saine des familles », Pierre Fontaine contribue également à la naissance et au développement du psychodrame en Belgique. Pierre Fontaine associe une dimension sociale à son travail, et met également l’accent sur l’importance de l’ordinaire, sur ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui le savoir profane.
Au Bénin, berceau du vaudou, l'art divinatoire et les plantes du guérisseur se conjuguent à la science et à la parole du psychiatre formé à l'occidentale. Immersion dans le village psychiatrique de la guérisseuse Agbohoué qui, avec ses enfants, soigne une centaine de malade mentaux selon des pratiques héritéesde ses ancêtres. Le professeur Ahyi, premier psychiatre agrégé du Bénin et défenseur de la tradition situe les actes de la guérisseuse dans le processus thérapeutique et le contexte culturel.
Lors de sa consultation à l’hôpital Avicenne de Bobigny, Marie-Rose Moro s’entoure de psychologues et d’ethnologues. Elle reçoit des familles migrantes, venues d’Afrique, d’Asie, du Moyen Orient et d’ailleurs. Car si l’on peut considérer, comme le faisait Georges Devereux, le précurseur de l’ethnopsychanalyse, que les maladies mentales et le fonctionnement du psychisme et de l’inconscient sont universels, c’est toutefois dans un code culturel spécifique que s’expriment les maladies et que se déroulent les psychothérapies. Les migrants de première génération sont par conséquent des personnes dont les problèmes ne peuvent éventuellement pas se comprendre par les voies habituelles de la médecine et de la psychiatrie. Là, les patients trouvent ce qu’aucune thérapie ne leur propose ailleurs : ils peuvent exprimer ce qui leur arrive, sans se couper de leurs croyances, de leurs coutumes, ni de leur histoire. Comme dans les sociétés traditionnelles où la maladie est soignée collectivement, le travail se fait en groupe. Lieu d’invention autant qu’espace clinique d’exception, ce service a accepté qu’une caméra témoigne du travail sensible qui s’y déroule.
"Je sentais le désir absolu de faire ce truc pour ne pas trop sombrer" : "ce truc", un film conçu et dirigé par un homme dans sa chambre d’hôpital. Des murs blancs pour horizon, des tuyaux verts qui le lient à la vie, lui cloué dans ses draps, soumis à ce monde médical hiérarchisé. Le silence engendre le vide mais aussi les pensées, les images. La voix féminine transmet les mots qu’il ne peut prononcer. L’œil de la pendule est cerclé de rouge : violence du désir.
William Z ferme le triangle issu d'un couple banal qui aime tant et si mal. William est fils unique, désiré, adoré. Mais, il n'a pas cherché à s'intégrer dans les rêves parentaux. Alors le triangle s'est brisé. Tout petit, il s'est laissé glisser le long d'un mur, s'est recroquevillé, refermé sur un étrange secret. Aujourd'hui, le père conduit son fils à l'hôpital, l'énième hôpital. Il sait déjà qu'il va falloir parler, raconter les pourquoi, les comment, dévoiler, se mettre à nu. Cela lui semble insupportable. Il en veut tellement à William pour cela et pour le reste. L'inattendu pour le père, c'est qu'il se retrouve en face d'une jeune femme, psychiatre, directrice de l'hôpital, et, l'étrange jeu des questions-réponses se transforme tout de suite en rapport de séduction, en rapport de force.
"Dans certaines maisons de la région d'Ainay-le-Château, dans le Bourbonnais, un des murs de la chambre des propriétaires était autrefois percé d'une lucarne. L'ouverture ainsi pratiquée donnait sur les quartiers réservés à leurs pensionnaires, des malades mentaux, hommes et femmes. Les "parents d'accueil" pouvaient dès lors aisément surveiller les égarements passagers de leurs "protégés". Voilà déjà cent ans que ces pratiques existent et, aujourd'hui, quatre cents familles de l'endroit accueillent quelque mille patients principalement originaires d'hôpitaux parisiens. Là, c'est la campagne, nous y sommes des étrangers. Les gens de la ville n'ont pas colonisé les lieux, ils y ont envoyé leurs fous. Ces hommes et ces femmes ne sont pas un problème dont il est urgent de parler: ils ne dérangent personne, ils sont hors du monde, du nôtre. Chacun d'entre eux est, tout au plus, une petite tragédie du grand ordinaire, de celles que la société préfère laisser dans l'ombre et qui nous laisse toujours un arrière-goût amer" (Th. Augé).