Ils sont plusieurs milliers, chaque année, hospitalisés en psychiatrie contre leur gré. Parce qu'ils peuvent présenter un danger pour eux-mêmes ou pour les autres, la loi a en effet prévu que ces malades pouvaient être soignés de force. La maladie mentale est la seule à connaître ce processus privant des individus de leur liberté au nom de leur santé.
A travers des histoires humaines racontant l'itinéraire de ces malades soignés "malgré eux", ce sont de lourds enjeux de société qui sont posés par ce film. En effet, la réforme de la loi qui organise l'hospitalisation sous contrainte est devenue un débat de société. Des faits divers récents en France, ont renforcé un inquiétant discours sécuritaire qui voudrait faire passer les malades pour des criminels en puissance. Une peur qui pousserait davantage à leur enfermement qu'à leur intégration.
Spider vient de passer vingt ans dans un hopital psychiatrique et retourne à Londres dans le quartier de son enfance. Cet homme coupé du monde remonte peu à peu son passé à la recherche de son histoire. Il croit notamment se rappeller que son père a tué sa mère pour s'installer avec une prostituée quand il avait douze ans... Un film intimiste au dénouement optimiste, où Cronenberg traite ses obsessions habituelles de manière plus dépouillée, avec une audace artistique nouvelle. Fiennes est fabuleux.
Jerry vit à Milton, petite ville américaine bien tranquille où il travaille dans une usine de baignoires. Célibataire, il n'est pas solitaire pour autant dans la mesure où il s'entend très bien avec son chat, M. Moustache, et son chien, Bosco. Jerry voit régulièrement sa psy, aussi charmante que compréhensive, à qui il révèle un jour qu'il apprécie de plus en plus Fiona, la délicieuse Anglaise qui travaille à la comptabilité de l'usine. Bref, tout se passe bien dans sa vie plutôt ordinaire - du moins tant qu'il n'oublie pas de prendre ses médicaments...
Marjane Satrapi change une fois de plus de style avec ce thriller drolatique sur la schizophrénie. Même s'il manque un peu de profondeur, cet exercice de style, quelque part entre Burton et Hitchock, est assez réjouissant.
Sam a stoppé son traitement médical – il reste convaincu qu’il n’est pas malade. Sa mère est prise de panique lorsqu’elle le trouve en pleine nuit, nu dans un lac glacé. Le docteur est d’avis que Sam doit tester un autre traitement. Trois personnages, trois points de vue, trois réalisatrices : un triptyque qui sonde la réalité sous des angles très différents.
En compagnie de sa mère, Renée, qui souffre d'importants troubles mentaux, le réalisateur Jonathan Caouette entreprend un voyage à travers les Etats-Unis, pour la ramener de Houston à New York. Les obstacles qu'ils rencontrent sur leur route sont entrecoupés de retours dans le temps qui donnent un aperçu de cette relation mère-fils particulière. A travers un montage musical et parfois psychédélique, alternant réalité et imaginaire, "Walk Away Renee" traite de l'amour, du sacrifice et de la perception de la réalité qui nous entoure...
L'imaginaire populaire véhicule bien des clichés fantaisistes à propos des personnes atteintes de schizophrénie : perversité, double personnalité . En réalité, le schizophrène est avant tout quelqu'un qui est en proie à une souffrance intense, une angoisse de vivre qui ne trouve de " solution " acceptable qu'à travers la construction d'un délire qui lui rende le quotidien plus tolérable. L'équipe de Pulsations a rencontré plusieurs de ces personnes et recueilli leurs témoignages souvent étonnamment lucides sur la façon dont ils se sentent perçus dans notre société. La schizophrénie fait partie des psychoses, c'est à dire des désordres mentaux qui font perdre au malade le contact avec la réalité ordinaire. C'est une maladie qui débute vers la fin de l'adolescence, et pour laquelle on n'a pas encore identifié de causes précises. Une fragilité d'origine génétique semble indiscutable, qui serait renforcée par certains facteurs extérieurs encore mal déterminés.
Janet est une petite fille potelée, pas très jolie, qui vit dans la campagne néo-zélandaise. Convaincue de n'attirer personne, Janet s'isole de plus en plus et fait des découvertes, notamment la poésie dans laquelle elle se réfugie. Mais son enfance est brisée par les coups de colère de son père, la noyade de sa soeur, les crises d'épilepsie de son frère... Douée d'un réel talent littéraire, Janet ne parvient toujours pas à s'extérioriser et, déclarée schizophrène, passe huit ans dans un hôpital psychiatrique. D'après les récits autobiographiques de Janet Frame, l'histoire d'une enfant lunaire, entre âpreté du réel et lyrisme poétique.
Dans cet entretien, le Dr. Luc Ciompi nous explique que le patient schizophrène développe une psychose à cause d'un déficit dans la structuration des bases de références affectives et cognitives de son moi et de son monde environnant. Il souligne la participation de plusieurs facteurs génétiques, éducationnels, stresseurs sociaux et déclencheurs. A partir de ses études longitudinales, le Dr. Ciompi conclut que presque la moitié des patients schizophrènes ont une évolution favorable. Parmi les mesures thérapeutiques, l'auteur établit comme essentielle la constitution d'un milieu social propice qui protège le patient de la surstimulation et la complexité des informations.
C'est l'histoire de quelques jeunes, atteints de schizophrénie, qui préparent une émission de radio autour de leur maladie. Au fil de l'élaboration du projet, ils confient, avec lucidité et sincérité toute la difficulté de vivre avec cette maladie qui parasite, perturbe, chamboule l'esprit autant que les relations sociales. Un film pour casser les préjugés.
Dans les années 60, Ronald Laing fonde dans la région londonienne plusieurs lieux d'accueils thérapeutiques ou "households", dont le but est de mettre les patients à l'abri des agressions de la psychiatrie traditionnelle. La communauté d'Archway est de 1969 à 1972 un des principaux lieux où va émerger un regard radicalement neuf sur la maladie mentale et où la "thérapie" consistera à tenter de responsabiliser les malades dans leur prise en charge et de leur rendre le pouvoir sur leur propre vie. C'est cet univers que le cinéaste américain Peter Robinson, flanqué d'une équipe légère, va explorer sept semaines durant. Il en a tiré un petit bijou de cinéma-vérité, loin des clichés sur les "fous". Et quand, dans une scène renversante, le père d'un patient explique, avec entrain, qu'il a loué les services d'une fille pour un rendez-vous avec son fils catatonique, on se demande qui est à enfermer... Archway ressemble un peu à une société tribale. David, l'intellectuel impétueux, entraîne tout qui l'écoute dans un discours sans fin sans cesse menacé d'auto-invalidation. Julia, consumée par le besoin émotionnel de clamer sa bonne santé mentale, régresse dans l'enfance. "C'est le seul témoignage filmé que nous ayons qui montre ce que nous pensons devoir faire pour - disons: pour les gens qui sentent que la société les a détruits" (Ronald Laing).
Contrainte par ses parents, une jeune fille subit un traitement psychiatrique qui la plongera dans la schizophrénie. Très influencé par les travaux de l'antipsychiatrie, le film de Loach traite essentiellement des méfaits de la répression familiale et médicale, et de leurs conséquences sur la personnalité. Note: il existe un documentaire sur Ken Loach (réalisé par Karim Dridi) dans la série "Cinéma de notre temps", qui porte la référence TD1583.
Paul est schizophrène et semble intégré dans sa famille, jusqu'au jour où, suite à une déception amoureuse, il pète un cable. Ses parents le conduisent à l'hôpital psychiatrique où il rencontre Oli Beatle qui pense être l'auteur des chansons des Beatles qu'il leur aurait envoyées par télépathie, Victor qui se prend pour Hitler et Pierre qui pense avoir écrit une thèse sur Schiller. Au bout d'un certain temps, Paul va mieux. Il retourne chez ses parents. Mais peu après, il rechute et, comme au Monopoly: retour case départ, ou plutôt en "prison". Devenus de plus en plus dociles, Paul et ses amis de l'hôpital ont l'autorisation de sortir. Ils décident de se rendre dans un restaurant de haut standing afin d'y faire un somptueux repas. Au moment de l'addition, l'un d'entre eux demande au garçon de téléphoner à la police pour les ramener à l'hôpital psychiatrique. La fin est beaucoup moins drôle (mais on ne vous la donne pas)... Cette fiction met le doigt sur l'absence de suivi post-psychiatrique.
UN HOMME D'EXCEPTION Fiction (2h16)
Réalisateur :
Ron HOWARD Pays :
Etats-Unis
- 2001
Quatre Golden Globes en 2002.
1947. John Forbes Nash Jr est un prodige en mathématiques qui a obtenu la plus prestigieuse des bourses pour faire ses études à Princeton. Mais humainement, il dénote parmi ses compagnons car il est introverti et mal à l'aise dans les relations, toujours dans sa tête à rechercher de savants théorèmes. Un jour, il élabore une théorie des jeux qui bouleverse totalement les doctrines économiques établies. En pleine guerre froide, devenu professeur, il est contacté par un représentant du département de la Défense qui l'engage pour ses étonnantes qualités de déchiffreur. Sa mission, décrypter les messages secrets des espions russes dans la presse, est totalement confidentielle mais très périlleuse... L'adaptation de la biographie de John Forbes Nash Jr écrite par Sylvia Nasar est un film qui intrigue, dans son sujet comme dans sa construction. Russell Crowe est inspiré.
Un document surprenant sur le monde méconnu des malades mentaux. Exclus de la société, ces malades sont souvent condamnés à passer leur vie dans des asiles. En 1978, le Docteur Roelandt, chef de service de l'hôpital psychiatrique d'Armentières (région lilloise) bouleverse le régime thérapeuthique qui leur est infligé. En coopération avec des médecins généralistes, des élus locaux, des assistantes sociales, des enseignants, des policiers, des artistes,... il crée de nouvelles structures adaptées et viables dans la ville afin que ses patients puissent accéder à un certaine autonomie et donner un nouveau sens à leur existence. Une nouvelle approche de la santé mentale illustrée par des interviews de malades, du personnel médical et de l'initiateur de la "psychiatrie citoyenne".
Ce film s'interroge sur l'importance des résultats thérapeutiques enregistrés jusqu'à présent sur cette maladie au diagnostic souvent ressenti intuitivement et qui a toujours été présente dans la société.
En 1994, le Dr J-C Pascal présidait la première conférence de Consensus sur la schizophrénie. Dans cet entretien, il fait le point de l'évolution depuis cette date des idées concernant les prescription thérapeutiques, les techniques psychothérapiques, les relations avec les familles et la réhabilitation.
Le Professeur Sonia Dollfus du CHU de Caen, nous rappelle l'évolution historique du concept de schizophrénie et présente les conceptions actuelles de celui-ci. Elle dresse dans cet entretien un tableau clair et précis de la symptomatologie clinique des schizophrénies.
La prise en charge des schizophrènes comprend, outre le traitement médicamenteux et le suivi psychothérapeutique, un important volet réinsertion sociale. Le professeur Singer des Hôpitaux Universitaire de Strasbourg a été un précurseur dans ce domaine en créant le premier Centre d'Aide par le Travail à recevoir des schizophrènes. Au cours de cet entretien, ponctué de commentaires pertinents d'un jeune patient-travailleur, le professeur Singer résume les principales étapes et difficultés inhérentes à la démarche de réinsertion sociale : ré-apprentissage des habilités sociales de base, gestion de la maladie et travail avec les familles, puis activités en atelier protégé et enfin travail en milieu " normal " avec tutorat.