Pendant dix-huit ans, la comédienne Claire Doyon filme sa fille Pénélope, atteinte d’un trouble du spectre autistique. Passé le choc du diagnostic, la mère part en guerre contre la maladie et enchaîne des dizaines de tentatives de traitement. Jusqu’au jour où elle accepte de sortir de son obsession de guérison…
Un funambule marche sur un fil tendu au-dessus du vide. Le souffle coupé, on est suspendu à chacun de ses gestes que l’on imite intérieurement, éprouvant en miroir les mêmes émotions. On ressent ce que l’autre ressent, on est en empathie avec lui. Qu’est-ce qui fait de l’être humain cet être social, capable de prendre le point de vue de l’autre, tout en restant lui-même? D’où vient le plaisir d’échanger, de s’entraider et de faire ensemble ? Et les grands singes, nos plus proches cousins, sont-ils doués d’empathie ? Qu'en est-il des rats et des autres mammifères ? Pour le savoir, nous allons croiser plusieurs approches entre elles car l’empathie est un concept mouvant qui est passé de la philosophie à l’esthétique puis à la psychologie, aux neurosciences et à la biologie. Par des observations éthologiques et des mises en situation expérimentales, les primatologues étudient les comportements sociaux des animaux, et les psychologues la naissance et le développement de ces comportements chez l’enfant. On peut voir ce qui se passe dans le cerveau quand on éprouve de l’empathie mais aussi lorsqu’on a du mal à identifier les émotions et les intentions d’autrui. C'est ce qui se passe dans certaines pathologies ou à la suite de traumatismes. Et si l'empathie était à l’origine de l’évolution des espèces, voire de l’essor des civilisations humaines.
Aujourd’hui nous vivons dans un monde où la logique de rentabilité s’applique à tous les domaines. Les lieux dédiés aux métiers du soin, du social, de l’éducation… sont gérés par des managers ou des experts pour qui seul comptent les chiffres, niant les besoins humains. Les professionnels ne retrouvent plus le sens de leur engagement et vivent péniblement l’altération profonde de leur métier. Roland Gori, psychanalyste et initiateur en 2008 de l’appel des appels se bat contre cette logique, en scrutant et dénonçant les failles de nos sociétés néo-libérales. L’appel des appels est un mouvement opposé à la marchandisation de la santé, de l’éducation, de la culture… Ce film propose un portrait intime de Roland Gori, de sa pensée et de ses combats étayés par des témoignages de proches tels que ses éditeurs Henri Trubert et Sophie Marinopoulos (Les liens qui libèrent), la philosophe et académicienne Barbara Cassin, son épouse et chercheuse Marie José del Volgo ou le journaliste de l’humanité Charles Sylvestre…
Le centre social du Centre Hospitalier Le Vinatier ouvrait ses portes en 1965, né d’une volonté de modernisation et d’humanisation de l’ancien asile devenu hôpital départemental. L’espoir d’ « un extérieur à l’intérieur de l’hôpital » qui permettrait aux malades de sortir des pavillons pour bénéficier d’activités commerciales et culturelles pour les préparer à leur retour dans la société s’est rapidement heurté à différents obstacles.
Alicia a un an lorsqu'elle enlevée à sa mère adolescente par le Child Welfare Bureau. Par l'entremise d'une famille d'accueil, elle est placée dans un foyer de soins pour enfants à l'âge de cinq ans. Au moment où elle a neuf ans, elle est toujours là, en attente de placement avec une nouvelle famille. C'est à ce moment que commence le documentaire Alicia. Pendant trois ans, le film suit la petite fille dans sa vie quotidienne dans des images d'observation rapprochées. Celles-ci rendent palpables les désirs d'amour et de sécurité, et l'impuissance de la jeune Alicia adolescente sans foyer, ainsi que l'impact de n'avoir aucune perspective.
Un jour, Julie a entendu des voix qui la menaçaient. Des médecins lui ont fait des électrochocs, des marabouts ont tenté de l’exorciser, elle a avalé plein de médicaments, bu tout un tas de potions, passé des jours à l’hôpital et de longues heures enfermée chez elle à tenter d’oublier le passé et d’imaginer l’avenir. Administrativement parlant, elle est depuis sa première hospitalisation une handicapée mentale à 80%. À mes yeux, elle est une amie précieuse, une âme sensible, une résistante qui a décidé qu’elle ne ferait pas "une carrière de victime". Depuis cinq ans, je la filme. Ensemble, nous plongeons dans son passé et nous y découvrons l’histoire d’une héroïne.
Alors que son père est atteint de la maladie d’Alzheimer, Nicolas Prividera exhume des films de famille dans lesquels son père aimait à le filmer enfant. Leur relation s’était compliquée par la suite ; le souvenir impossible de la mère disparue pendant la dictature s’étant glissé entre eux (disparition qui est au cœur du premier film de Prividera, M). A travers un brillant récit, à la fois linéaire et circulaire, le film nous permet de ressentir l’épaisseur du temps, sa consistance, faite de différences et de répétitions. Qu’est-ce qui change et qu’est-ce qui se répète dans l’histoire d’une famille, dans l’histoire d’un pays, dans l’histoire du cinéma ? Chaque histoire parle avec les autres, parle des autres, les croise et les chevauche. Le résultat est un montage fascinant, dans lequel l’émotion naît de l’intelligence et l’intelligence de l’émotion.
Dans un pays où la folie est fortement stigmatisée et à peine prise en charge par l'institution hospitalière, chaque étape du voyage rend perceptible l'importance du temps passé à écouter le malade et sa famille. Au fil des rencontres avec Michel Dewez, médecin, psychiatre et psychanalyste belge, des soignants de centres de santé généralistes sont formés à une prise en charge ambulatoire.
Ron et Karen accueillent chez eux une communauté de personnes qui entendent des « voix » commentant, chaque jour, leurs pensées et actions. Tous débattent de l’impact qu’elles ont sur leur vie et leur identité sociale, ainsi que des négociations à engager avec elles pour en faire des cohabitantes plus que des intruses. Ceci introduit une dialectique originale sur la différence, la stigmatisation et l’indépendance, et montre comment les singularités individuelles peuvent former un corps politique. Pour le film, la « folie » n’est pas déconnexion de la réalité, mais plutôt conscience aiguë de celle-ci.
Jazz est une vieille femme afro-américaine. Elle vit seule dans une maison récupérée sans eau, ni électricité. Comme bon nombre de femmes afro-américaine, elle vit dans la misère, avec pour seule maison un logement insalubre. Dj Holiday est le double de Jazz, son personnage de scène. C’est elle qui chante depuis toujours, qui monte tous les jeudis soirs sur la scène du Berts, où sa voix brisée rayonne, entourée des meilleurs musiciens de jazz de la ville. Le documentaire est un portrait de cette femme, qui nous émeut jusqu’aux larmes. Au travers de son regard, on perçoit les épreuves qu’elle a pu traverser tout au long de sa vie, et qui ont fait d’elle la femme qu’elle est : une femme à la fois forte et généreuse. A travers ce portrait, le réalisateur Arno Bitschy évoque la face sombre du rêve américain, ses millions d’âmes errantes, délaissées.
Ils ne quittent pas leur chambre, restent enfermés chez eux des mois voire des années. On les appelle les Hikikomori, un mot japonais qui signifie se "cloîtrer". Ce phénomène de claustration est apparu au Japon dans les années 90 suite à la crise économique. Ce film éclaire sur ce mal mystérieux en suivant le travail de Marie-Jeanne Guedj, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne, une des premières en France, à s'être intéressée à ces jeunes reclus.
Damien Samedi a 43 ans. Quand il était enfant, dans son village wallon en bord de Meuse, on l'appelait le Petit Samedi. Pour sa mère Ysma, Damien est toujours son gamin, celui qu'elle n'a jamais abandonné lorsqu'il est tombé dans la drogue. Un fils qui a, malgré tout, cherché à protéger sa mère. Un homme qui tente de se libérer de ses addictions et qui fait face à son histoire pour s'en sortir.
En partant du témoignage des jeunes en souffrance, ce film tente de comprendre le mal-être d’une jeunesse marquée par 2 années de confinement. En les écoutant, on devine un rendez-vous raté avec ces jeunes qui tentent aujourd’hui encore de soigner des blessures très douloureuses. Tout ce temps passé sans les avoir suffisamment écoutés a sans doute engendré une crise de sens qu’on aurait tort de sous-estimer.
Pierre Dubois est un célèbre auteur de littérature fantastique qui vit à Cartignies, un petit village du Nord de la France, en compagnie de sa femme Aline. Pendant quelques jours, le couple de septuagénaires ouvre sa porte, son intimité et laisse le merveilleux s'immiscer au sein de leur histoire. Au fil de leurs récits, ils évoquent comment la force de l’écriture, le pouvoir de l’imagination et un sentiment profond d’osmose avec la vie leur ont permis d’accepter le suicide de leur fille, Mélanie, disparue il y a plus de vingt ans après un chagrin d’amour adolescent.
Le réalisateur a 12 ans quand son père lui confie un étrange secret : il se sent doué de pouvoirs occultes, qui fait de lui un médium entre le ciel et la terre. Il affirme ainsi pouvoir guérir les malades du cancer, communiquer avec les extraterrestres et entrer en contact avec les morts. Fasciné par l'univers paternel, Einari devient son disciple. Mais, avec le temps, il cesse peu à peu de croire aux phénomènes surnaturels.
En France, quatre millions de personnes sont concernées par l’inceste. Pour briser ce tabou sociétal, Christine Douzain, une psychiatre de La Réunion, a créé un dispositif de sensibilisation inédit qui utilise une pièce de théâtre pour évoquer l’indicible et libérer la parole. En novembre 2020, elle sera jouée pour le grand public, mais aussi dans les lycées et en prison, face à des auteurs d’inceste.
Le 23 août 1973, le braquage de la Kreditbenk de Stockholm tourne mal : la prise d'otages va durer six jours. De manière étonnante, les otages prennent fait et cause pour les braqueurs et s'opposent aux policiers. Les liens qui se sont tissés au cours de cette période entre les otages et les braqueurs vont laisser un nom dans l'histoire de la criminologie : le syndrome de Stockholm. Presqu'un demi-siècle après les faits, les deux braqueurs et une des otages témoignent. Ils nous expliquent ce qui s'est passé dans la banque au cours de ces six jours de siège
On découvre des témoignages sur la question des préjugés tirés d'entretiens avec des usagers, des proches et des professionnels de santé. Un film, réalisé avec l'association "Les 87 Revanchards" qui réunit des professionnels du cinéma avec la participation de l'actrice Clémentine Desgranges.
L'alcoolisme au féminin demeure nettement plus stigmatisé que celui des hommes. Pour lever ce tabou, cinq femmes qui s'en sont sorties, témoignent et s'invitent discrètement dans le cabinet de Fatma Bouvet, psychiatre et addictologue qui a ouvert une consultation d'alcoologie réservée aux femmes.
La première salle de consommation à moindre risque de Belgique a ouvert à Liège en 2018. Refuge pour des personnes en situation de précarité, elle offre la possibilité de chasser les dragons (une manière d’inhaler de l’héroïne) dans des conditions d’hygiène et de sécurité décentes. Mobilier de bureau standard, armoire à pharmacie aux petits tiroirs bien rangés : au premier coup d’œil, on est frappé par l’hyper normalité d’un lieu qui ne l’est pas. Alexandra Kandy Longuet a passé plusieurs mois dans ces locaux aux côtés des usagers, des hommes sans abri pour la plupart, accueillis par une équipe de soignant·es et de travailleur·ses sociaux·les bien décidé·es à leur donner du temps et de la place. La réalisatrice ne gomme pas la violence des pratiques réalisées dans cet espace dédié. Pourtant, ce qu’on retient de ce film attachant, c’est l’évidence avec laquelle elle va à la rencontre de François, Thomas, Arnaud et les autres, autant de personnes aux vies éclatées qu’on prend, avec elle, le temps d’écouter.