Psychiatrie, folie, maladie mentale, des mots qui font peur et que l'on préfère réserver aux autres. Des mots qui impliquent ou qui impliquaient souvent enfermement, asile. Beaucoup de choses ont évolué ces trente dernières années (anti-psychiatrie, neuroleptiques, réflexion psychanalytique...) pour qu'on puisse dire qu'il existe aujourd'hui de réelles alternatives à l'hospitalisation psychiatrique. L' émission propose de redéfinir la psychiatrie au départ de documents d'archives (1962, 1971, 1990, 1991) qui sont commentés par un psychiatre et un psychanalyste. Ces derniers insistent sur l'importance de rétablir la communication là où il n'y en a plus quand la personne est en souffrance et qu'elle ne peut plus trouver de soutien dans son environnement social. Leur but est de montrer que tout un chacun peut éprouver à un moment de sa vie des problèmes existentiels qui n'impliquent pas pour autant la folie et que des lieux existent où l'on peut trouver une aide (centre de santé mentale, placement familial, psychothérapie, ...).
Il y a 90 ans (1911), E. Bleuler (1857-1939), un psychiatre suisse, invente le mot schizophrénie qui recouvre alors à peu près toute la pathologie mentale et prend en compte l’organisation de la vie psychique inconsciente. Aujourd’hui, où en est-on ? Plus qu’une réalité clinique, la schizophrénie semble aujourd’hui en France un objet théorique assez peu connu, une maladie dont la définition même semble poser problème. Même si les connaissances scientifiques et les traitements ont lentement évolués, ce mot est est utilisé indifféremment pour désigner un jeune adulte délirant et un malheureux "chronique" après 30 ans d’institution. Il faut ajouter que pour le moment la schizophrénie est une maladie dont on ne guérit pas. C’est un film sur la fragilité, la capacité à faire face à des événements qui déroutent, à des événements douloureux qui font exploser nos mécanismes de défense, sur l’échec qu’il faut accepter, la fin de notre toute puissance qu’il faut admettre. C’est un film sur la réalité. Celle qui attend les patients car, si la schizophrénie est une maladie qui s’exprime essentiellement par la rupture, une perte de contact vital avec la réalité et le lien social, si les patients ont du mal à percevoir cette réalité car elle est difficile, agressive, s’ils s’en détachent, s’en isolent, ils doivent l’affronter, essayer de s’y ancrer. Celle qui attend les familles car après le choc produit par l’entrée dans la maladie, il faut s’adapter à la nouvelle situation. Celle qui nous attend peut-être tous face à une vie à vivre
Le Dr Philippe Hennaux s’entretient avec le Professeur Willy Szafran, psychiatre, psychanalyste, professeur émérite de psychiatrie et de psychologie médicale de la VUB, auteur de plusieurs ouvrages sur Freud et la psychanalyse.
Homme de science et de culture, Willy Szafran nous livre brillamment ses réflexions sur la place de la psychiatrie dans son évolution historique, et dans ses rapports à la médecine et à la société. Il expose son point de vue sur la psychiatrie psychodynamique qui vise à redynamiser la psychiatrie grâce à l’apport de la psychanalyse, de la phénoménologie, de la sociologie et de la philosophie.
Originaire des Alpes du Sud, le réalisateur - entre autres de "Billy le Kid" (1971) et de "Les Naufragés de la D1" (2002) - a constaté que les cas de troubles mentaux étaient particulièrement nombreux dans cette région. Meurtres, corps découpés en morceaux, suicides, immolations, à travers sa famille, ses proches et les différentes "affaires" des cent dernières années, Luc Moullet étudie les causes et les conséquences de ces phénomènes psychiques locaux.
"L'arrière-petit-neveu du bisaïeul de ma trisaïeule avait tué un jour à coups de pioche le maire du village, sa femme et le garde-champêtre, coupable d'avoir déplacé sa chèvre de dix mètres. Ça me fournissait un bon point de départ... Il y a eu d'autres manifestations du même ordre dans la famille." Luc Moullet.
Compléments DVD: Deux films inédits de Luc Moullet: "Terres noires" (1961, 19') et "Imphy, capitale de la France" (1995, 24'). Note: Un livret "Entretien avec Luc Moullet" accompagne le titre.
Quand un ado "disjoncte", la famille, les profs, le médecin même sont parfois complètement désorientés. Et en cas d'hospitalisation, les services de psychiatrie "classique" ne sont pas bien adaptés à ce genre de patients turbulents et imprévisibles. Le "Centre thérapeutique pour adolescents", créé sur le site de l'U.C.L. à l'initiative du professeur P. Van Meerbeeck, se veut une alternative innovatrice dans ce domaine. Témoignages et résultats.
LA VOIX DE METTE Documentaire (59 min)
Réalisateur :
Borre Katrine Pays :
Danemark
/
France
- 2014
MEILLEUR FILM ETRANGER au Festival International de Films Mad in America, Arlington, Massachusets, Etats-Unis, en Octobre 2014
Mette, infirmière de formation, a 43 ans. Diagnostic : Schizophrénie paranoïde. Après avoir été patiente psychiatrique pendant 15 ans, reçu des quantités considérables de médicaments et subi 150 électrochocs, Mette s´en est finalement sortie. Ce film retrace sa vie sur quatre années. Un documentaire chaleureux et stimulant sur l´espoir et la reprise en main de nos vies. Le Danemark est le deuxième pays au monde consommant le plus de médicaments psychiatriques. Les voix de Mette livre un témoignage fort contre l´orientation traditionnelle à sens unique de médicalisation de la détresse mentale.
Encourager les patients d'un hôpital psychiatrique à nouer des relations entre eux, à se marier et à vivre en famille : la nouvelle idée audacieuse du chef de la maison Ehsan dans le sud de Téhéran. Au cours des 20 dernières années, ses 480 patients ont vécu dans des unités séparées pour hommes et femmes. Mais en 2017, le chef du centre a obtenu l'argent pour construire une nouvelle unité d'équipements matrimoniaux. Un comité de sélection commence à évaluer les patients et puis en sélectionne deux pour former le premier couple. Ces deux patients sont-ils capables d'avoir une relation qui mène au mariage ?
Avec André Robillard comme guide, on embarque dans l’univers d’artistes outsider qui construisent des univers renversant nos conceptions sur l’art. Sculpteur, dessinateur, musicien et un des plus importants créateurs de l’art brut, Robillard fabrique des centaines de fusils pour « tuer la misère » depuis 1964.
Dans le cabinet de Georges Federmann, psychiatre atypique, consultent des patients français et étrangers. Originaires du quartier, du village voisin ou d’un autre continent, Diane, Gilbert, Karim ou encore Claudine viennent confier ici leur histoire. Pour certains il s’agit de trouver un refuge, une oreille attentive, pour d’autres c’est l’envie de vivre qu’il faut préserver.
A travers les gestes de la psychomotricité, bref apprentissage de cette approche spécifique auprès d'enfants IMC, notamment, et d'adultes ayant un lourd parcours psychiatrique.
L’adolescence est une période de changements importants. Les relations familiales et interpersonnelles se transforment radicalement et la quête d’autonomie est prédominante ; on parle de processus « ado ». Pour le Dr GERARDIN, pédopsychiatre, il est important de porter un regard positif sur les jeunes, ce qui implique de voir d’abord leurs forces, leur potentiel, les idéaux et les valeurs positives dont ils sont porteurs et d’éviter les étiquettes qui sont des pièges dans lesquels les adolescents risquent d’être pris. C’est avec ce regard que l’équipe du CHU de Rouan a développé une unité de soins pour adolescents qui prend en compte aussi bien les aspects psychiatriques et psychologiques que les aspects somatiques de la demande.
Dans cet entretien, Priscille GERARDIN, décrit le dispositif de soins : les clientèles, les différents lieux d’accueil et les différentes modalités thérapeutiques qui sont toujours en lien avec le processus « ado ». Elle souligne la nécessité de séparation et les besoins d’avoir accès à des espaces qui leur sont propre. Elle aborde le travail essentiel auprès des parents, l’importance du groupe, de la médiation thérapeutique, des liens avec le milieu scolaire et les Maisons des adolescents. Le Dr GERARDIN termine cet entretien en parlant de prévention, de recherche et de perspectives d’avenir.
Les troubles obsessionnels compulsifs (T.O.C.) touchent environ 2% de la population et se définissent par des pensées pénibles et répétitives qui s'imposent contre la volonté de la personne. Celle-ci est obligée d'instaurer des rituels (compulsions) pour chasser cette obsession et apaiser l'anxiété... Des témoignages révèlent comment cette maladie du doute envahit la vie professionnelle, familiale et sociale de la personne. Des hommes et des femmes rongés par les T.O.C. évoquent leur détresse et les différents traitements qu'ils suivent: thérapies psychologiques ou médicamenteuses, neurochirurgie,...
Pour demander la suppression des hôpitaux psychiatriques judiciaires et le retour des personnes internées dans les structures de soins au sein de la communauté, Marco Cavallo, grand cheval de bois et de papier mâché peint en bleu, symbole dès 1973, au cœur de Trieste, de la liberté regagnée par les malades mentaux, s'est de nouveau mis en route. En 2013 et 2014, il a couvert plus de 4400 km à travers les rues de 16 villes, à la tête d'une procession de citoyens, d'artistes, de travailleurs de la santé mentale, ainsi que de personnes internées qui, pour la première fois, ont raconté leurs histoires à leurs concitoyens.
Les professeurs Manzano et Palacio ont mené des recherches actives sur les enfants issus de parents gravement perturbés. Ils vont nous exposer les principes qui permettent d'intervenir de façon efficace et humaine sur ces groupes à risque. Ils vont surtout envisager les enfants de mères psychotiques et de mères déprimées et aborderont plus brièvement les enfants de mères toxicomanes et de mères alcooliques. Une vignette clinique illustrera leur propos. Juan Manzano est psychanalyste et dirige le service médico-pédagogique de Genève. Francisco Palacio est également psychanalyste et il est chef adjoint du dispositif de psychiatrie infantile de Genève. Ils ont publié soit séparément, soit en collaboration, plusieurs livres de pédopsychiatrie.
Roger Misès est psychanalyste, professeur à la Faculté de médecine de Paris-Sud et chef d'un service de pédopsychiatrie de la région parisienne "La Fondation Vallée". Il a écrit de nombreux livres sur la psychiatrie de l'enfant et s'est illustré par la création en 1966 de l'un des premiers Centres de Jour dans un service de pédopsychiatrie. Il a aussi développé un Centre d'Action Thérapeutique à Temps Partiel (C.A.T.T.P.). Il nous raconte les principes généraux ainsi que les modalités de fonctionnement de ces dispositifs : indication, encadrement, classes, personnel, place de la psychothérapie psychanalytique, rôle des parents, résultats, etc.
À travers la rencontre avec des personnes qui pratiquent le sadomasochisme, le document tente de cerner les raisons qui amènent certains à ressentir le besoin impérieux de se confronter au jeu douloureux de la domination et de la soumission. Cette forme singulière et complexe de la sexualité humaine est analysée par le psychanalyste Serge André. Note: Un sujet délicat à ne pas mettre devant tous les yeux.
Paul Danblon se penche sur la question des maladies mentales. A grands renforts d’explications concernant divers troubles mentaux (schizophrénie, paranoïa, etc...), d’interviews de psychiatres, dont le Dr Paul Sivadon, de fictions recréant des entretiens entre patients et psychiatres, d’images de séances de traitements par électrochoc, de vues de diverses institutions psychiatriques (dont le tout nouveau « Foyer de l’Equipe » présenté par le jeune Jean Vermeylen) et des nouvelles pratiques (ateliers d’expression corporelle, musique, etc…), l’émission nous brosse un vaste portrait de la situation du point de vue médical, en Belgique dans les années 60.
L'arrivée des médicaments psychotropes a entraîné des profonds changements dans les thérapeutiques en psychiatrie en modifiant parfois les conceptions cliniques. Le Professeur Zarifian réactualise et restitue avec pertinence et objectivité le rôle et la fonction de ces médicaments. Son analyse nous fait mieux comprendre les risques d'une médicalisation excessive dans l'utilisation abusive des psychotropes, ceci posant un vrai problème de société. Il sait, dans cet entretien, nous faire partager sa vision d'une médecine soucieuse des vraies valeurs dans ne perspective humaniste.
Jean Oury nous trace l'histoire de son aventure qui allait faire de la clinique de La Borde un lieu mythique de la psychiatrie contemporaine. Il nous rappelle avec humour et clairvoyance, dans sa discussion avec Pierre Delion, les fondements de la psychothérapie institutionnelle et les risques qu'elle connait face à l'évolution technocratique actuelle de notre système de santé.
Cinq spécialistes des urgences en psychiatrie nous dressent le panorama de la situation actuelle. Leur expérience sous des angles différents nous permet de mieux comprendre ces nouvelles pratiques pour les différents partenaires concernés : équipes de secteur, praticiens hospitaliers, urgentistes. Un exemple clinique illustre l'intrication de l'urgence somatique et de l'urgence psychiatrique.